En 1644 la ville de Maastricht vit la naissance d’un bambin que nous avons toutes les raisons de supposer sain et dodu, Isaac Van Vleck. Le même Isaac devait pourtant mourir bien loin de chez lui : c’est à New York qu’il s’est éteint en 1695.
En 1872, son descendant Joseph Van Vleck acheta de la bonne terre et des vergers à Montclair, dans le New Jersey. Montclair, c’est sur une chaîne de sept collines boisées, traversé par la rivière Watsessing, et depuis les hauteurs on voit se profiler les gratte-ciels new yorkais. C’est que la famille habitait depuis toujours à New York, où Joseph était architecte, mais on venait d’inaugurer une ligne de chemin de fer, la Greenwood Lake Rail Line, qui enfin rendait le voyage aisé entre New York et la belle région des collines alors encore très verdoyante. Il décida de construire, sur ce terrain champêtre, une maison de style Tudor, se limitant aux strictes nécessités. Mais sa vision des strictes nécessités était bel et bien new yorkaise, car sa demeure était une des plus majestueuses de Montclair. Il faut dire qu’avec son épouse Amanda et dix enfants, plus la domesticité… il avait bien fait de voir en grand.
Et en 1917, il confia à son fils, Joseph Van Vleck Jr, la construction d’une nouvelle maison à un jet de pierre de la première, plus moderne et lumineuse. Joseph Jr était, lui aussi, architecte. Et il dessina une extraordinaire villa aux lignes méditerranéennes influencées de l’Art nouveau, à la fois imposante et légère, aérée par de hautes fenêtres et portes-fenêtres, avec un portique à colonnes du côté jardin, des balcons tournés vers le feuillage et les azalées et rhododendrons, qui étaient depuis toujours une passion familiale. Tout est beau dans ce lieu d’équilibre, même les gouttières…
C’est son fils Howard qui habita en dernier la fabuleuse demeure. Il avait hérité du plaisir des fleurs et plantes, au point qu’il créa un rhododendron à fleurs jaunes pales, dont quelques exemplaires subsistent encore dans le jardin. Et en 1939, il ajouta la dernière touche féérique à ce lieu déjà enchanteur : au pied des colonnes du portique il planta une glycine chinoise qui les enlace dans une luxurieuse étreinte. Fin avril elle pare avec faste façade arrière et balcons de ses éphémères pendeloques sucrées, s’alanguissant aux fenêtres du patio dans un délicieux bâillement bleuté.
La glycine a donné ses couleurs, et fait place au feuillage
Howard a cédé le domaine à la ville, et toute l’année on peut se promener dans les jardins, qui rencontrent leur plus grand succès en avril et mai à cause de la somptueuse floraison des azalées et de la glycine, puis des rhododendrons. On y organise aussi des ventes de plantes provenant de la collection, ou des soirées de bienfaisances. Les jardiniers sourient avec une fierté paternelle lorsqu’on photographie les pétales et feuillages qu’ils protègent si bien, et on peut apercevoir les marmottes dans les pelouses, savourant la douceur d’une herbe de gourmets.
C’est absolument magnifique !…….Une demeure qui fait rêver, avec cette profusion de fleurs et ces colonnades à l’antique….Je suis sous l’enchantement !…
C’est superbe… je m’y promenais surtout en cette saison, glycine et azalées, et puis plein de rhododendrons. Et les marmottes 🙂
Tu as des souvenirs fabuleux Edmée ….Merci de les partager.
[…] suis retournée à la Maison Van Vleck et l’ai savourée dans le triomphe de l’été. Et en ai profité pour y photographier la […]