Mais si on n’a pas peur, on n’avance jamais…

Le courage, c’est l’ignorance du danger, disait mon grand-père Albert. L’ignorance dans le sens non pas de ne pas le connaître, mais de ne pas en tenir compte. Naturellement, il pensait au courage qu’il avait trouvé en lui durant la guerre (les guerres, même!), et en donnait sa simple recette.

 

Mais la recette reste la même pour tous les plats que nous voulons savourer au cours de notre vie. Partir. Admettre ses erreurs. Suivre son cœur – le sentimental, celui que Cupidon transperce voiles et ailes au vent, ou le moteur de vie, qui nous la met sur ses propres rails. Vivre notre vie, laisser fleurir et s’épanouir le moi que nous sommes. Avoir un sourire dans l’âme, ce type de sourire qui se reconnaît dès la première rencontre.

 

Nous avons tous peur. Des choses exceptionnelles mais aussi des épreuves routinières.

 

Nous avons été terrorisés d’un jour décider de nous dresser, accrochés au pied d’une table ou au collier d’un chien patient (ce qui fut mon cas), pour vaciller un peu, trottiner trois secondes … et puis tomber. Et hurler. Et recommencer. Nous avons tous eu peur des rentrées des classes dans de nouvelles écoles, où les amitiés étaient déjà faites et les clans formés.

 

Même les acteurs chevronnés continuent d’avoir le trac de faire ce soir ce qu’ils ont fait hier soir et les autres soirs de tant d’années. Et puis il y a le moment où, parce qu’on fait le premier pas et décide que reculer n’est pas une option, la peur s’en va. Une détermination sereine nous emplit et chuchote « ça ira ». On est comme « pris en charge », aidé, stimulé, par une force chaleureuse. Qui est la récompense du courage, de ce premier pas qu’il a fallu faire dans la peur, comme tendre la main dans le noir à une autre main que l’on sait détenir la lumière, le guide, la boussole, le compas, le sextant. Et on est surpris, par la suite, d’avoir eu si peur d’une chose qui s’est pourtant déroulée sans jamais que nous perdions les commandes. Ni la tête…

Main  tendue

Et on prend, peu à peu, de l’assurance. On découvre la « confiance en soi ». On continue d’avoir peur mais on a de moins en moins peur de lui faire face, à la peur.

 

Même les erreurs deviennent des succès parce qu’on n’en retire pas d’amertume profonde mais une leçon, parfois même source de rires longtemps après. Ce qui fit mal ne le fait plus. Ce qui fit mal nous a guéri de ce qui nous avait induit en erreur.

 

Ceux qui au contraire font du surplace à la moindre peur finissent par perdre l’instinct du courage,  et cultivent la notion que la vie n’est qu’un long chemin caillouteux et bordé de chardons, et pour preuve ils prennent soin de ne pas guérir de « tout ce qui leur est arrivé ». Ils sont de perpétuels moroses, malades, grises mines. Ils jalousent le courage des autres et le qualifient de folie, d’inconscience.

45 réflexions sur “Mais si on n’a pas peur, on n’avance jamais…

  1. Adèle irarard dit :

    Taratata…..en avant…marche!…Voici de quoi dynamiser les plus timorés!

  2. Edmée dit :

    Ben je trouve aussi 🙂

  3. annerenault dit :

    Ce qui aide beaucoup, c’est le refus de reculer, le désir de vaincre la peur – sans négliger les sages conseils qu’elle chuchote-.

  4. Edmée dit :

    Oui… ils sont sages mais pernicieux parfois. Ne fais rien, ne bouge pas… pas toujours aussi sage que ça semble 🙂

  5. Je suis entièrement d’accord avec toi ! 😉

  6. Florence dit :

    Coucou Edmée !
    C’est une question de tempérament, on peut plus ou moins vaincre sa peur.
    Et selon les circonstances, il est bien parfois d’avoir peur, elle nous évite les gros ennuis ! Autrefois je n’avais pas peur de grand chose, mais les années passant et les ennuis se multipliant, j’ai préféré écouter ma peur, plutôt que de la vaincre. Mais j’ai quand-même toujours le tempérament de foncer et de voir après… ce qui n’est pas très bien non plus. Il faudrait un juste milieu, et ça, c’est difficile !!!
    Toi non plus, tu ne sembles pas être peureuse !
    Gros bisous, bonne fin de semaine et à bientôt !
    Florence
    J’ai plein de problèmes avec mon nouvel ordi…

  7. Edmée dit :

    Mais on doit vaincre sa peur… Pas forcément pour tout. J’ai le vertige et n’ai jamais pu m’en débarrasser…donc je garde cette peur. Mais je pense qu’on peut tous vaincre les peurs de vie, la timidité (au moins en partie pour fonctionner au même pas que les autres), la peur de dire « non », de s’affirmer, d’envisager de perdre quelque chose ou quelqu’un si on fait ce qu’on veut ou se montre comme on est, etc…

    Mais rien ne me ferait nager au milieu des requins 😉

  8. Celestine dit :

    Voilà un billet qui me parle encore plus que les autres…moi qui me trouve toujours courageuse au moment de prendre de grandes décisions de ma vie, je réalise combien certaines personnes sont timorées devant l’existence. Au point de préférer la médiocrité d’une vie sans attrait, sans surprise. De ceux dont ma tante disait » ils sont morts il y a dix ans, mais ils ne s’en sont pas encore aperçus »
    Mais Edmee, est-ce que c’est donné à tout le monde? N’avons nous pas une grande chance d’être des guerrières, des battantes, des amazones de la vie?
    Tiens, tu parles de Cupidon, quel hasard, moi aussi dans mon dernier billet. On est connectées je te dis!

    • Edmée dit :

      Oui, c’est ça qui me déconcerte, cette peur de la vie qui finit par se traduire par une existence tiède et ennuyeuse, atone, que l’on ne vit pas à la première personne. Le pire est que souvent ces gens refusent de comprendre qu’ils sont aux commandes de bien des choses et au contraire, accusent « la vie » ou ce que « les autres » ont mis sur leur chemin, sans prendre en compte le fait qu’ils ont eu des choix et ont préféré ne pas choisir…

      Je vais – à tire d’aile naturellement – découvrir ton Cupidon! 🙂

  9. colo dit :

    Est-ce la seule peur qui nous fait avancer? Je ne le pense pas, mais, tu as raison, il y en a tant dans une vie et les surmonter fait progresser; mais nous sommes tous différents face à elle. « La peur est libre » me cria un jour une amie dont je moquais (elle a la trouille des geckos). Bon, bon, pas de panique!
    Bonne soirée Edmée.

    • Edmée dit :

      Oh non, il n’y a pas qu’elle bien entendu! Mais elle me semble indispensable comme ennemi régulier à vaincre pour nous renforcer… une sorte de gymnastique mentale 🙂

  10. Je suis d’accord avec ton texte et personnellement, j’ai de plus en plus confiance en moi avec les années qui passent, je tiens moins compte de l’avis des autres pour me demander si réellement c’est bon pour moi. Par contre, durant l’adolescence, qu’est-ce que je me suis laissé influencer… Bon week-end Edmée.

    • Edmée dit :

      Mais oui, on ose de mieux en mieux… on sait qu’on trouve les ressources, la force, et c’est de cette manière qu’on se libère aussi de la contrainte ce « nous vu par les autres »….

      Bon week end à toi aussi 😉

  11. Tout est vrai dans votre beau texte.

  12. Tania dit :

    « Yalla », « allons-y », répétait soeur Emmanuelle.

  13. Nadine dit :

    En ce qui me concerne, l’écriture m’a permis de prendre confiance en moi et il est vrai aussi qu’en vieillissant on acquiert de l’assurance.

  14. gazou dit :

    tu décris très bien cette peur qui nous entrave…mais le jour où les échecs sont vécus comme des victoires parce qu’ils nous enrichissent d’une expérience positive…la peur s’éloigne

    • Edmée dit :

      Voilà! Ne pas oser faire face et se lancer, c’est faire du surplace et se rouler dans l’amertume des choses non faites. Une par une, lorsqu’on affronte ,nos craintes, on les désamorce. On a peur de moins en moins de choses et on prend « sa place »…

  15. Lauriza dit :

    Je pense que la peur ne fait pas toujours avancer. C’est justement la peur qui fait que l’on ne change pas ses habitudes et que beaucoup de gens préfèrent avoir une vie quelconque et se complaisent dans la routine.

    • Edmée dit :

      Oui, c’est une façon de voir mon texte. Et dans ce cas je suis d’accord. Si on se laisse paralyser par la peur, en effet on se réfugie dans la routine – et on « n’avance pas ». Mais si on affronte sa peur, on « avance » spirituellement…

  16. Je viens voir les nouveaux coms et comment évalue le débat que tu poses. L’avis de Lauriza est également intéressant. Bonne semaine Edmée.

  17. Jeanmi dit :

    Une pensée pour tous les officiers de ligne qui devaient sortir les premier de la tranché entre 14 et 18. Ils devaient avoir la peur au ventre, mais s’ils ne sortaient pas, personne ne sortait…

    • Edmée dit :

      Oooooh! Ca devait être terrible en effet. Mon grand-père l’a fait aussi, je suppose que sa maxime lui en est venue. Mais par la suite, à force d’avoir senti les rats lui courir sur le visage la nuit dans les tranchées, il n’a jamais pu dormir que les bras repliés sur la figure…

  18. amandine dit :

    c’est vrai que rester au même endroit
    c’est pas moi
    texte adorable
    🙂

  19. Coumarine dit :

    je me demande quel est le vrai courage: vaincre sa peur en serrant les dents, (donc faire en sosrte qu’elle disparaisse) ou avancer malgré sa peur, en tenant compte de sa peur qui nous protège en quelque sorte
    C’est un vrai texte de philo ton texte…:-))

    • Edmée dit :

      Je suppose qu’il y a effectivement des peurs qu’on peut vraiment vaincre (timidité, trac, peur des animaux…) et d’autres qu’on ne peut qu’ignorer momentanément parce qu’il le faut: vertige, peur de l’eau, du feu… Mais je parle ici surtout de celles que l’on peut dominer et atténuer en tout cas en partie « à force » de les vaincre …

  20. Et comme j’aime à dire, la peur n’enlève pas le danger…

  21. Philippe D dit :

    Tout le monde a peur de quelque chose, c’est la vie comme ça. Il faut parfois passer au-dessus, vaincre ses peurs, le contentement de soi sera au rendez-vous….
    Bonne soirée.

    • Edmée dit :

      Comme tu dis… sans la peur, aucun moyen de « savoir ce que l’on vaut » non plus. Pas de stimulus. Pas d’audace. Pas de satisfaction… bien terne, comme vie!

  22. Pâques dit :

    – Le courage, c’est l’ignorance du danger – disait ton grand-père …
    Moi je pense le contraire, c’est avoir conscience du danger, mais oser l’affronter quand même.
    Du moins si c’est utile pour notre réalisation personnelle, notre épanouissement.

    • Edmée dit :

      Oui, c’est ce qu’il voulait dire: ne pas ignorer qu’il y a un danger, mais décider de ne pas en tenir compte 🙂 Avec le discernement que tu précises, oui!

  23. Angedra dit :

    Voilà un texte qui dit exactement ce que je pense moi aussi. Vaincre sa peur en allant à sa rencontre, est certes bien plus difficile que de rester comme l’exemple donné par Lauriza. Oui, il y a des peurs qui font faire du sur place à certaines personnes, mais je pense que ces peurs sont bien moins importantes que celles qui nous font avancer !
    Nous avons tous nos peurs qui resteront toujours en nous (oui, moi aussi pour le vertige) mais elles aussi nous pouvons les vaincre si nous le voulons (le vertige lui aussi être vaincu si nous faisons le nécessaire,), le tout est de le vouloir.
    Alors, nous faisons des choix et décidons de vaincre les obstacles qui nous apporteront le plus pour notre épanouissement.
    Savoir choisir cela aussi nous fait avancer.

  24. Kikou Edmée,
    Je crois avoir eu du courage de tenter avec mon mari Pierrot,la fiv,qui est quelque chose de difficile à faire, avoir le moral, la santé, la persévérance, la patience, et beaucoup d’autres choses, même de perdre son travail, mais, avec ce courage, nous avons pus avoir trois beaux et merveilleux garçons …..
    Je te souhaite une bonne et agréable soirée,gros bisous à toi,ma belle.

    • Edmée dit :

      C’est bien ça, le courage au quotidien. Pas nécessaire d’épouser Indiana Jones pour avoir besoin de son courage pour avancer et ne pas perdre l’entrain, la confiance. C’est ce que vous avez fait et… bravo!

  25. Alain dit :

    Ma plus grande peur, celle du vide. Je l’ai surmonté en faisant, avec un moniteur, une première expérience de delta plane. La frayeur des premières secondes ont trouvé une incroyable récompense dans les minutes qui ont suivi. Et tout ça grâce à un article publié dans le blog d’Armelle, signé par son ami Jean Marcoux. Le net mène à tout. Et quand on le cherche bien, au meilleur. Avec tes pages nous avons la chance d’être particulièrement bien récompensés.

    • Edmée dit :

      J’ai essayé de dominer mon vertige aussi mais sans grand succès… Je suppose que si j’avais le choix entre passer sur un pont suspendu et me faire piétiner par un éléphant, je passerais en quelques bonds sur le pont suspendu même s’il lui manquait la moitié des planches 🙂 (j’ai, d’ailleurs, qu’on se le dise, passé une rivière sur un pont suspendu et balançant et terrifiant en Afrique. Mais je ,n’en reviens toujours pas…)

      Merci Alain de dire que tu trouves un peu de ce que tu cherches sur mes pages…

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