Même si c’est dans le passé que je vous emmène en promenade le plus souvent, la nostalgie ou le passéisme ne sont pas des compagnons aux cils embués.
C’est que, bien sûr, d’une part je protège ma vie présente, mes zones privées, et aussi que ce n’est parfois que lorsque le temps a passé que l’on réalise qu’une chose est belle à raconter. Je peux faire aujourd’hui des rencontres qui ne prendront leur importance que dans deux ans. Je peux assister à un incident – voire accident – sans mesurer ses conséquences futures.
Bref, le passé devrait être pour tous un coffre aux milles bonheurs, aux images à jamais incrustées en nous, aux histoires alors anodines qui aujourd’hui ont le goût de l’extraordinaire.
Si j’évoque ma ville d’enfance, Verviers, et ses charmes qu’à l’époque je ne remarquais pas et qui aujourd’hui ne sont plus pour la plupart, ce n’est pas pour pleurer ce qui a disparu mais célébrer ce qui fut et est encore dans mes souvenirs, et que je désire restituer ou décrire. Que Verviers ait connu une métamorphose radicale et n’ait pas encore abordé son ère de renaissance, ça n’est pas une raison de porter le deuil pour ce qui était alors et ne sera plus jamais. Ce qui est aujourd’hui ne sera plus en place dans trente ans, et ainsi court le temps sur les choses…
Si je rends, le temps d’un article, la vie à Lovely Brunette – ma mammy – ou Crevette – mon papounet – ou Sibylla ou Léon ou un de ces innombrables acteurs qui traversèrent la scène de mon existence, je ne les regrette pas. Certains me manquent, oui, parce que je les aime encore et ressens leur absence. Mais ne savions-nous pas tous que nous passerions par la case séparation ici-bas ? Aussi, loin de mots détrempés de chagrin, mes billets sont heureux, enfin je les rencontre jeunes (car au fond… pour moi petite fille c’était des « grands », des « parents » et finalement des « vieux »…), la peau unie et douce sous les baisers, les beaux bras de ma mère nus dans une robe d’autrefois, l’élégance souple de mon père et sa belle démarche rapide. Je me délecte de ces souvenirs d’eux qu’ils m’ont donnés, et de ces anecdotes dont ils firent part sous mes yeux. Et c’est un multiple bonheur.
Heureux qui sourit en évoquant son passé. Et j’en fais partie !
Mais nous avions tous bien compris. :)) Point de nostalgie exagérée dans ces évocations du passé, plutôt comme un émerveillement de ce qui fut.
That’s it 🙂
Et puis « ce fut », tout simplement, et ce passé permet de mieux appréhender le présent. Mon passé n’est pas nécessairement souriant, mais je refuse de l’enjoliver à coups de ciseaux, de couleur rose et de dentelle. Il a fait de moi celle que je suis à présent. C’est agréable de petit-déjeuner en vous lisant, Edmée, j’aime bien.
Merci Griseldis, c’est gentil.
C’est tout à fait ça, lorsque tu nous racontes des histoires de ton passé ou de celui de tes parents : tu souris en l’évoquant !
Et puis, pourquoi attrister le monde (enfin ceux qui te lisent) !
Bien que je sache que tout change, et malheureusement souvent en mal, j’aime bien retrouver les vestiges d’autrefois et voir que l’ambiance est resté la même ! C’est ce que j’ai ressenti lorsque je suis retournée à Etel et sa ria, et cela m’a fait chaud au cœur.
Je t’avoue que je n’aime pas voir tout dévasté, surtout lorsque les choses étaient jolies et pittoresques et qu’elles sont devenues moches et standards « ou sans arts (°v°) »
Je te souhaite une bonne fin de semaine chère Edmée avec 4 bonnes bises bretonnes !
Florence
C’est vrai qu’on ne peut nier la souffrance quand les choses ont trop changé, on perdu de leur charme. Mais il nous reste le souvenir de ce que c’était et lui, il ne change pas…
Bonnes bises d’une Edmée grippée… donc de loin!
Le passé nous a fait ce que nous sommes. C’est notre merveilleuse histoire intérieure, celle que vous nous contez si bien, sans larmoiement, chère Edmée, et que j’ai tant de plaisir à lire et à partager.
Merci Armelle… oui le passé nous a construits, et y retourner est un bain de jouvence. On chasse bien vite les pensées parasites de « oui mais ça a change, avant c’était… » car ce passé est bien en nous, immuable et fort!
Le passé est un coffre aux mille bonheurs, dis-tu, c’est ainsi qu’il faut le voir, je crois, et c’est un plaisir de t’entendre raconter tes souvenirs
Merci Gazou!
Je me souviens t’avoir demandé une fois, sur ton ancien blog, pourquoi tu parlais toujours du passé…depuis, j’ai fait du chemin, j’ai compris que ton histoire, c’est toi, et qu’en la racontant tu nous parles de toi, de toutes façons.
Et je n’aimerais pas ne plus pouvoir lire tes billets délicieux qui s’éblouissent de tous tes bonheurs en étincelles.
Tu me parles aussi (plus égoïstement) de mon avenir, en peignant de couleurs charmantes en gaies les couleurs de ta vie: cela me rassure pour les vingt années qui sont devant moi. Oui on peut avoir de l’expérience et des enthousiasmes de jeune fille. Vieillir à tes côtés, et à ta façon, cela ne fait pas peur.
je t’embrasse fort, la mia sorellita
¸¸.•*¨*• ☆
Eh bien ce sont des choses agréables à lire, ce compte rendu de ce que mes billets peuvent apporter. Oui, ne t’inquiète pas, on peut aller loin dans la vie avec enthousiasme et projets. L’âge ne nous soumet pas. Parfois il nous tempère, nous rappelle que nous avons le temps, que rien ne sert de courir etc… mais il ne nous couronne pas du mot « vieille… » 🙂
Quelle belle évocation de ton passé, chère Edmée ! Qui me rappelle… forcément le mien de… presque 85 ans, dont les 13 (de 1946 à 1959 !) BEAUX et BIEN passés à Verviers, sans parler du temps que j’y passe encore ça et là, todi fîr d’aveûr situ vervîtwès èt… d’aveûr in’ feume vervîtwèsse !
Todi so fîr d’aveûr situ aussi … 🙂
Le passé nous ayant construite et fait ce que nous sommes aujourd’hui, il me paraît donc impensable de ne pas le voir continuer à vivre en nous.
Certainement comme toi, je parle aussi du présent mais ne voulant pas trop raconter ceux qui sont aujourd’hui, j’apprécie mes vagabondages en arrière et parler de ce et ceux qui font ce que je suis. Je ne suis pas passéiste au sens regrets du temps passé, mais je n’oublie pas et porte en moi tel un collier de perles rares les êtres qui ont embellis ma vie en entrant dans mon coeur. Parfois cela donne d’autres perles au coin de mes yeux mais cela est ma façon de leur dire merci.
Tu as raison, nous les gardons jeunes en nous mais je peux tout de même penser non pas à mes regrets personnels de ne plus les voir, mais à la vie qu’ils n’auront pu continuer, à la vie qui s’est arrêté beaucoup trop tôt pour eux. Comme tu le dis « Mais ne savions-nous pas tous que nous passerions par la case séparation ici-bas ? » mais la case arrive beaucoup trop tôt parfois !
Oui tes billets sont heureux et nous sommes toujours heureux de te suivre sur ton chemin passé ou présent.
Parfois moi aussi je me surprends à regrette que ma mère ne puisse voir la nouvelle passerelle, ou manger dans tel restaurant charmant. Pareil pour mon père. Mon père lui me disait toujours « si papa avait pu connaître ça (la TV je pense) ça l’aurait passionné ». 🙂
Je sais que toi aussi tu es loin d’être passéiste mais le passé est une jolie promenade…
« Heureux qui sourit en évoquant son passé. Et j’en fais partie ! ». Nous sommes plusieurs, je le souhaite en tout cas. Je ne sais plus qui a dit « il faut vivre le présent pour en faire un passé inoubliable ». J’ai eu cette chance, heureux aujourd’hui de pouvoir me souvenir de tout ce que la vie m’a offert. Sans vivre avec le passé en permanence, j’en savoure les plaisirs qui meublent ma mémoire. Ils sont ma richesse et restent dans mon cœur. Ton article d’aujourd’hui agrémente mon présent et sera demain, qui sait, une source de réflexion. Tu as ce talent tout particulier de partager, de faire rêver et de ramener chaque évènement à leur juste place ! Bon week-end Edmée.
Je vis bien dans mon présent, en fait je réalise que le passé me sert de nourriture pour écrire mais c’est au présent que je vis – nourrie du passé, bien entendu.
Bon week-end aussi, Alain!
C’est superbe. Merci Edmée pour la douceur et la justesse de tes mots.
Merci à toi, Sandrine
aucune inquiétude à avoir, ce blog n’a que très peu de parfums nostalgiques, si ce n’est ceux de la « nostalgie heureuse » comme l’explique notre Amélie dans un de ses derniers opus 😉
Ah! Si même Amélie 🙂 J’ai souvent utilisé ce terme qui convient tout à fait…
Nous sommes fait de nos souvenirs….
Eh oui!
Tout à fait d’accord avec ta « philosophie ». Et je pense qu’au fil des ans, on prend du recul même sur les périodes les plus difficiles et on arrive à en voir quelques aspects positifs. Et puis, on parle beaucoup des menaces terroristes aujourd’hui mais nos grands-parents et arrières-grands-parents ont vécu 4 ou 8 ans de leur vie en pleine guerre avec aussi beaucoup de menaces, de nombreux morts ou disparus sans nouvelles. Ils n’avaient pas le confort moderne dont on dispose aujourd’hui, partaient peu en vacances, travaillaient dans des conditions pénibles plus que nous. Tout n’était donc pas rose non plus à leur époque.
Passe un bon week-end.
Mais c’est vrai.Il y avait du meilleur et du pire, comme c’est le cas maintenant. Et vivre avec son temps – année après année – est la meilleure des places. Ainsi on regarde les bienfaits du passé et ceux d’aujourd’hui…
Bon week-end à toi aussi Petit Belge!
j’aime votre prose, elle est spéciale, et très intéressante, je lis souvent mais cette fois le texte m’a enchantée
Merci, c’est agréable à lire (sans vanité mais on écrit pour apporter aux autres, aussi quand on a un tel retour, ça ne peut que faire plaisir!). Bon dimanche!
J’aime bien cette image un coffre aux milles bonheurs, nous soulevons le couvercle et comme par magie les images, les parfums nous envahissent …
Et on se retrouve dedans. Une ivresse!
Nos souvenirs sont les fondations de ce que nous sommes. C’est en ne gardant que les meilleurs et en enfouissant les mauvais qu’on arrive à avoir une vie agréable. C’est en parlant de choses agréables et aimées que le passé peut se mélanger au présent et continuer à vivre. Si non, on s’enlise dans des sables mouvants qui peuvent parfois nous engloutir à jamais.
Que c’est bien dit! Tout simplement mais tu fais mouche 🙂
Tout a été dit, et très bien, écrit, encore mieux. Que pourrais-je rajouter? Le plaisir de te lire, le formidable appétit de vie qui se dégage de tes jolis textes « à sauts et à gambades » comme dirait Montaigne, est un concentré de vitamines. So long, Edmée!
Ah! Merci pour ces sautes et gambades… voilà qui fait plaisir 🙂
Belles lignes encore une fois !
Deux réminiscences (c’est un peu dans le thème finalement) avec…
– « Qui oublie son passé, n’a pas d’avenir… » et
– Quelque chose qui s’approche du parfum du « vert paradis des amours enfantines » mais plus largement que lesdites amours !
Je n’ai pas lu ce livre… mais ça me semble bien, en effet, un vert paradis!
Le vert paradis est tiré de « Moesta et errabunda », Les fleurs du mal, Baudelaire.(5e strophe).
Aaaaaaaaaaaaah! Pas lu 🙂 Merci
Toujours de la joie dans tes écrits, et un immense plaisir à te lire, merci!
Je suis principalement « joyeuse », de nature. J’étais le bébé souriant que ma mère pouvait laisser seul des heures dans sa voiturette et qui dormait, faisait des bulles et jouait avec ses doigts de pieds pour sourire comme un bouda replet au premier visage qui s’approchait. C’est bien ma nature, et c’est un beau cadeau. Mais bien entendu, je ne suis pas immunisée contre les trous noirs – où je n’entraine personne avec moi 🙂
Merci à toi !
Sourire en regardant dans le rétroviseur fait du bien. Regretter ne sert à rien. Le passé est dépassé. On ne peut que se réjouir des bonnes choses qu’on a vécues et qui ne reviendront pas…
Bon vendredi.
Ah non, surtout pas regretter. Tout au plus constater qu’on aurait pu faire mieux ici ou là, mais on ne savait pas alors ce qu’on sait aujourd’hui!
Se promener dans le passé en souriant… et nous faire sourire en même temps, vous y excellez, Edmée, merci à vous.
Merci, Tania 🙂