Mais où sont les hommes d’antan?

J’ai grandi à la fin d’une époque. L’avant-féminisme. L’avant milliers de questions. Le cinéma et les romans que j’aimais lire m’avaient expliqué que l’homme était sûr de lui, protecteur et toujours dans le vrai.Les histoires étaient plus simples qu’aujourd’hui.

Peu « d’autres femmes » ou alors c’était une gouvernante folle et criminelle ou une sœur vieille fille rancie. On n’oubliera pas non plus la mère de Norman Bates. Mais il y avait cette simple évidence : un homme rencontrait une femme et hop, tout se déroulait entre eux deux sur fond de guerre, d’espionnage, de business. Il n’y avait pas le retour des ex, ou un(e) autre attendant son heure en haletant au moindre signe de désaccord. L’homme aimait avec élégance, certain de ses sentiments qu’il cachait au mieux, la femme restait une faible créature un peu tête de linotte, en proie aux crises de nerfs et de larmes, pompette à l’occasion – juste de quoi rire un peu sottement et avouer sa passion – et persuadée qu’un tel homme ne pouvait vraiment l’aimer elle, humble chose, ce qui permettait de faire tenir le suspens jusqu’au happy end qui couronnait le long baiser effaçant tous les doutes !

Ou bien c’était une femme fatale en apparence, le jeu de paupière menaçant comme la danse d’un papillon vénéneux et la lèvre aux courbes écarlates, et elle finissait par se prendre quelques claques qu’elle savait avoir méritées et qui avaient le mérite de faire d’elle un chat dont les yeux envoient des étincelles d’adoration. Trophée inestimable pour le dompteur qui épouserait sa mégère apprivoisée qui ne se soumettrait qu’à lui.

L’amour était celui d’une vie. S’il y avait une ex, elle était morte.

Il m’est arrivé aussi de voir notamment un film que je crois être « le fils de Robin des Bois » où le fils en question était un magicien de la lame et du saut dans les branches sans déchirer ses collants, mais l’amour de la gente dame le rendait si perplexe que c’était elle qui, lasse de panser ses bobos et de changer de poulaines tous les jours pour le séduire sans qu’il le remarque finissait par lui déclarer « Vous m’aimez, Robert ». Et il se rendait à l’évidence, régalant le public du long baiser final tant attendu. Mon frère et moi étions très choqués de cet aplomb et avons joué cette scène plus d’une fois en riant devant son étrangeté.

Moi j’ai grandi dans un monde que l’on dira macho peut-être mais où l’homme « normal » était gentil et ferme, faisait des cadeaux, protégeait – soutenait le coude pour traverser, retenait les portes, ouvrait la portière de sa voiture, mettait à l’abri du vent et de la pluie, portait les objets lourds. Il trouvait toujours les mots et promesses pour calmer les chagrins. Tout ça avec une tranquillité rassurante.

Maintenant… Le cinéma nous montre un homme névrosé en face d’une femme blessée par son passé. Ou le contraire. Pendant la durée du film ils se tournent autour comme deux fauves en chaleur et affamés… quel instinct l’emportera-t-il sur l’autre ? Fini la femme qu’il fallait aider et préserver, car dans le cinéma d’aujourd’hui bien souvent elle grimpe aux échelles et barricades, attache son homme aux montants du lit pour en faire sa chose, rentre en nage le matin de son jogging forcené, tandis que l’homme mijote des petits plats, va chez le psy, donne la bouillie aux gosses et attrape des boutons quand il entend la formule « pour toujours ». Et il jure comme aucun muletier n’aurait jamais osé jurer autrefois, car ses mules l’auraient éventré à coups de sabots.

Le doute et l’hésitation colorent tous les films… L’homme pleurniche et déprime, la femme a parfois les biceps de Rosie the Riveter (Norman Rockwell). Il faut résister aux tentations des autres… ceux et celles dont les rencontres sont devenues si faciles. Il faut accepter d’être en sueur, échevelé(e) et hurlant(e) lors des ébats conjugaux et ne pas avoir de tabous frustrants qu’un(e) rival(e) n’aura pas. Et tout comme autrefois la souriante épouse était fière de sa table bien dressée, nappée de frais d’un tissu immaculé qui avait claqué contre l’air du salon, fleurie d’un bouquet du jardin, il faut avoir le cœur à rapidement allumer trente-six chandelles dans la chambre à coucher – ça aide certainement pour la température en hiver – et choisir judicieusement l’arôme de l’huile de massage. Il faut savoir se remettre de joutes verbales effroyables au cours desquelles on vide son sac jusqu’à ne plus avoir de sac d’ailleurs, pour aller courir sous la pluie en larmes en appelant Dieu ou notre mère la terre à la rescousse.

Oh… où donc êtes-vous passés, Gregory Peck, Cary Grant, Rosanno Brazzi et les autres ? Et Audrey et Katharine Hepburn, Grace Kelly, Loretta Young, Danielle Darieux, Alida Valli?

66 réflexions sur “Mais où sont les hommes d’antan?

  1. lascavia22j dit :

    Oh la la ouiiiiiiiiiiii … Où sont-ils ? Tu es parvenue à me faire rire aux éclats -au moins- trois fois au cours de cette lecture : aujourd’hui sera une belle journée. Baci

  2. Oui, Edmée, elles se sont évaporées ces femmes d’antan qui inspiraient nos tenues et nos coiffures et ces hommes élégants et galants que nous rêvions de séduire ! Les temps changent, les hommes et les femmes aussi ….

  3. alainx dit :

    Rendez-nous Zorro surtout !
    Qu’il courre vers l’aventure féminine au galop !
    Et qu’il signe ses exploits à la pointe de son…
    … ou de sa… d’ailleurs ?
    D’un Z qui veut dire :
    Ze l’ai Elle est Za moi !

    Peut-être même que Bernardo retrouverait la parole…

  4. La Baladine dit :

    Yep! Bienvenue dans un monde non aseptisé! 😉

    • Edmée dit :

      C’était le cinéma, et c’était bien beau d’y croire le temps d’un film. Ensuite, chacun et chacune revenait à sa vie, mais on avait vraiment rêvé et pas cauchemardé 🙂

      • La Baladine dit :

        Eh bien tu vois, personnellement le mythe viril véhiculé par ce cinéma là m’a toujours profondément ennuyée… Gary Cooper était beau, très beau, mais d’une fadeur absolue à mes yeux. J’aimais bien Cary Grant pour son humour et sa aisance à jouer les être troubles, donc imparfaits. Et puis ces chiffes molles de nanas qui se laissent traiter comme des objets précieux et dépendants, pouah! Quelle paresse, quelle lâcheté!
        Petite déjà j’adorais Katharine Hepburn, son indépendance affichée, sa répartie, sa dégaine en pantalon! Et Jeanne Moreau, pour les mêmes raisons!

      • Edmée dit :

        Oui oui, je suis d’accord,moi non plus je n’aimais pas les pleurnicheuses, et comme toi j’aimais Katharine Hepburn qui ne se laissait pas faire mais… savait ronronner quand le moment était venu. Féminine mais pas Barbie. Comme déjà dit à Célestine, je détestais la scène fréquente où l’homme revenait à la maison avec une robe qu’il avait choisie lui-même pour sa femme, qui lui allait comme un gant (jamais un homme n’a connu la taille de sa femme en vêtements 😀 ) et elle bêlait d’admiration : je sentais, même petite, qu’il y avait là une sorte d’imposition, « femme, c’est dans ces dentelles et froufrous que tu me plais » comme si moi j’avais habillé ma poupée… 😀

      • La Baladine dit :

        Résumer ça à une histoire de cadeau plus ou moins bien venu, c’est un peu court, non? La vérité c’est que les femmes que nous montrait le cinéma de l’époque pour l’essentiel étaient des poupées manipulables vouées à devenir des grillons du foyer. La galanterie des hommes allait de pair avec la grivoiserie. Réduite à sa plastique et à sa fécondité, la femme était un consommable périssable. La ménopause signait la fin de la féminité. La seule qui échappait à ce schéma, c’était la garce vénale, qui en vieillissant devenait une vieille folle aigrie.
        Quant au schéma de l’homme fort et viril, ça nous mène tout droit à James Bond giflant complaisamment les Barbies qui lui servaient de faire-valoir,, attitude que Sean Connery trouvait absolument normale et naturelle… On est complètement dans la culture du viol, où la dame est née pour consentir et se taire.
        Ces fameuses scènes qui pullulent dans ce cinéma-là, où le type force « gentiment » la dame qui dit non et finit évidemment par succomber. C’est vrai, c’est tellement bon d’être violentée…
        😉

      • Edmée dit :

        C’est vrai, ça glorifiait la violence, absolument. Maintenant je n’ai pas connu beaucoup d’hommes qui pratiquaient ce genre de « dialogue amoureux » dans la vraie vie, ça restait « du cinéma » et aussi malgré tout la tendance facile pour les imbéciles… Mais je ne crois pas que la violence disparaîtra entre hommes et femmes. Car il y a quand même des femmes qui continuent de fonctionner à la promotion canapé, et donc des hommes qui continuent de penser que pourquoi pas, si ça « leur fait plaisir »… Ce qui a changé – et qui est bien! – c’est que la honte d’avoir été violée ou frappée disparaît et que donc il est plus facile d’oser se défendre. Et d’être entendue et soutenue par ceux et celles qui ne trouvent pas ça normal du tout. J’ai été battue et terrorisée dans mon mariage mais à l’époque…. on ne parlait pas de ça, et basta. Donc la peur grandissait et pire encore, on faisait tout pour dissimuler la chose pour ne pas avoir encore plus d’ennuis (c à d de coups…). Mais les relations toxiques, elles ont toujours été là…

      • La Baladine dit :

        Le crime aussi a toujours existé, et ça n’empêche pas de combattre la criminalité, au contraire.
        Et les femmes n’auraient pas besoin de recourir à la promotion canapé si l’accès aux plus hautes fonctions leur était aussi simple qu’aux hommes.

      • Edmée dit :

        Oui et non… C’est évidemment trop complexe pour être débattu en « chats ». Mais j’ai eu des patronnes femmes, et c’était l’horreur. Tu diras que j’étais mal tombée, et c’est en tout cas vrai, mais une était un tyran sadique et l’autre une Barbie pleurnicheuse qui montrait ses chaussures roses en demandant si elles lui allaient bien. Un désastre. Ou la secrétaire d’un chef si aimable qu’on l’appelait le crocodile… Bref, pas de promotion canapé à craindre là, mais déprime assurée en peu de temps…

  5. angedra dit :

    Tu as raison, notre génération a connu ces deux « extrêmes ». Je n’approuve pas plus la femme guerrière que l’on veut que l’on soit aujourd’hui, que la femme évaporée qui s’évanouie à la moindre petite émotion, ou qui passe pour une « moins que rien » dès qu’elle revendique l’amour.
    J’aime le juste milieu, être une femme qui sait décider, mais qui sait apprécier les attentions des hommes.
    J’ai eu la chance d’avoir des relations avec des hommes qui savaient ne pas être machos et aimaient ma liberté, sans oublier les bonnes manières, la galanterie (qui n’a rien de macho !), comme m’ouvrir la portière de voiture, ou porter les courses…
    Mais même les femmes de ma génération, peu ont connu ces attentions je le constate encore dans la plupart des couples.
    Les femmes qui dénigrent la galanterie confondent malheureusement beaucoup de choses. Pourtant parfois ce sont les mêmes « guerrière » qui acceptent de se faire « exploiter » par l’homme.

    • Edmée dit :

      J’ai en général très mal sélectionné mes hommes je l’avoue, et de gentille – je l’étais et le suis restée – je passais rapidement à bonniche stupide. Je m’en allais donc régulièrement et il m’a fallu longtemps pour sortir du scenario infernal 😀

      Mais je ne suis pas contre les hommes pour autant, et ne vois pas dans la galanterie du paternalisme, ni du machisme etc… J’ai vu pas mal d’hommes martyrs aussi, et donc loin de moi l’idée de généraliser ou même de dire qu’il faut être guerrière ou soumise ou féroce ou douce, après tout… chacun sa recette, si on est content du plat 🙂

      Et l’idéal masculin ou féminin n’est qu’un idéal, pas une réalité… sans compter que… Beware what you wish for…

  6. celestine dit :

    Tout n’est pas si manichéen, je trouve…Je n’arrive pas à regretter un monde d’hommes, où tout n’était fait que pour les hommes, et où les femmes devaient demander à leurs maris la permission de travailler, et où le viol entre époux n’existait pas. Je ne te suis pas dans cette nostalgie-là, Edmée.
    Baci bella ragazza
    •.¸¸.•*`*•.¸¸✿

    • Edmée dit :

      Je t’avoue que j’étais furieuse, même petite, quand le mari apportait à sa femme une robe dans une belle boite, car elle ne l’avait ni choisie ni essayée et ça la réduisait à « sa chose ». Tout était loin d’être parfait, et rien jamais ne sera parfait. Mais quand je pense à la politesse de mon papounet, son empressement même envers moi qui étais sa fille et non sa compagne, et le démerde-toi qui est de mode aujourd »hui, je ne peux pas apprécier. Il n’y a que les « vieux » comme moi qui sont courtois et protecteurs, même s’ils sont plus chenus que moi! Quant au viol entre époux ou ailleurs, ce n’est pas en parler qui changera les choses, les hommes violents – ou les femmes, ne l’oublions pas, même si la violence est plus sournoise et invisible! – le sont de nature. Et ça, ça ne change pas… Hélas

      Baci sorellita!

    • Edmée dit :

      Et puis, Célestine… Je parle du monde hommes-femmes au cinéma 🙂

      • celestine dit :

        Certes, mais les modèles sociaux sont souvent véhiculés par le cinéma, la pub, les images en général…
        •.¸¸.•*`*•.¸¸✿

      • Edmée dit :

        Bien sûr… c’est un endoctrinement subtil et efficace. Mais dans cette image de l’homme d’autrefois, on montrait une sorte de mari-papa, c’était en effet du machisme, mais orné de galanterie, protection et secours… Dans la réalité des foyers, ça se passait évidemment selon les « pions » qu’ils avaient, les femmes portaient parfois la vraie culotte, ou les hommes exercaient leur « protection » à coups de hurlements, certes, mais ces choses-là, comme aujourd’hui, se passaient « entre les murs ». Officiellement, l’homme était le chef mari-papa :), l’épouse la bavarde tête de linotte en tablier amidonné et visuellement en tout cas… c’était reposant. Ce qu’on véhicule aujourd’hui crée le modèle social actuel et n’y a pas vraiment gagné…

  7. charef dit :


    Barbara avait abordé le même sujet. Bonne journée Edmée et bonne écoute.

  8. Griseldis dit :

    Un régal !!!et ça me fait prendre conscience que j’ai épousé, tardivement, un homme bâti sur ce modèle ancien, qui a même fini par comprendre que bijoux et vêtements, je préfère les choisir. J’ai beaucoup souri en vous lisant mais c’est tellement juste ! Merci et… j’en redemande.

    • Edmée dit :

      Ah merci pour ce témoignage, et bravo pour l’ancien modèle. Mon amoureux est aussi sorti du moule ancien, et c’est délicieux… il m’ouvre les portes, monte les escaliers derrière moi pour si je tombais et les descend devant moi pour si je tombais. Il me demande si j’ai bien dormi, si je ne suis pas fatiguée… et aime que je ne sois pas d’accord pour tout. 😀

      • La Baladine dit :

        Pardon, mais heureusement pour vous vos hommes ne sont pas dans le même cas que le mien… Qui est bien heureux d’avoir une amoureuse qui a toujours tout assumer toutes ces choses citées toutes seule sans aucun souci. Parce que sinon nous n’aurions jamais supporté sa dépendance, surtout moi! C’est parce que nous considérons lui et moi que nous sommes égaux en tout que nous nous soutenons mutuellement, sur tous les plans. C’est parce que nous nous considérons égaux en tout que nous n’avons jamais de jugement l’un sur l’autre, ni sur l’attitude de l’un ou de l’autre. C’est parce que nous considérons que nous sommes égaux en tout que nous nous aimons pour le meilleur et pour le pire sans que ce soit une formule toute faite. Parce qu’Edmée, ton homme, si c’est lui qui tombe dans l’escalier… Le mien « est tombé », et j’étais là pour le soutenir. Et ça ne fait pas de moi sa supérieure. Juste son égale. Un être humain qui en aime un autre.

      • Edmée dit :

        Mon homme ne vit pas avec moi, je vis seule et ne compte sur lui pour rien du tout, mais j’aime que, lorsque nous sommes ensemble, il soit prévenant, pas comme si j’étais une handicapée ou maladroite, hein, mais comme quelqu’un envers qui il déploie les politesses acquises dans sa jeunesse… Nous rions car il est clair que si je tombe, je l’emporterai dans la chute (première de cordée!) 🙂

      • La Baladine dit :

        Aaargh…il faut lire: qui a toujours assumé toutes ces choses pré-citées toute seule … ((( mes doigts ont fourché)))

      • La Baladine dit :

        Eh bien tu vois, le féminisme, ce n’est pas dire « chouette mon homme est prévenant », c’est dire « chouette on est prévenant l’un pour l’autre ».
        Pour la métaphore de l’escalier, je préfère penser que tu ne connais pas ma situation. Parce que je suis désolée de te le dire, ta conclusion ne me parait pas drôle du tout, pour le coup.
        😦

      • Edmée dit :

        Bien entendu je ne connais pas ta situation, comment l’aurais-je connue? Mais je suis désolée si je t’ai blessée, je ne visais naturellement pas ça!

        Je suis d’accord avec toi, il est logique de prendre soin l’un de l’autre, chacun avec ses moyens, mais ceci dit, j’aime que mon homme soit prévenant car j’ai connu aussi les hommes pas prévenants pour qui j’étais toute dévouée mais il semblait que c’était ça qui me suffisait dans la relation, « le » rendre heureux :). J’aide beaucoup mon homme et suis prévenante de la même manière, et ça nous fait plaisir à tous les deux.

  9. emma dit :

    ah ah, vraiment excellent ! chaque époque a ses stéréotypes !
    as-tu connu les romans de Delly, dans lesquelles l’héroïne pauvre et modeste a des yeux violets. Violets !!!! comment donc la vénéneuse pouvait elle lutter contre des yeux violets ?
    et ces acteurs romantiques d’autant plus galants qu’ils étaient homos, c’est tellement plus facile d’être aimable quand on n’a pas à se taper les trivialités conjugales !
    quant à la galanterie, façade sociale , rappelle toi l’incendie du bazar de la charité, où, parait il, (?) on trouva des piqures sur les jambes de femmes victimes, correspondant aux traces de pointes des cannes des messieurs dont l’urgence était de se sauver eux mêmes.
    Mais je me souviens avec émotion du Mouron rouge incognito qui baisait les marches où son inaccessible aimée avait posé ses (petits) pieds !!! ça avait quand même plus de gueule qu’un film de Marc Dorcel !

    • Edmée dit :

      Ma mère adorait les Delly, et ma foi, j’ai aussi lu les yeux violets quelque part. Les héroïnes étaient pures, courageuses, orphelines et maltraitées, et d’ingrats vêtements couvraient leurs formes enchanteresses. L’homme de service était souvent, il faut le dire, proche d’un caractériel car un jour il était charmant et protecteur et puis ombrageux et incompréhensible le lendemain. J’adorais tout en trouvant quand même que c’était idiot, et même, je me souviens qu’à 14 ans j’avais décidé de ne pas me marier, un peu à cause de cet apostolat d’infirmière psychiatrique que me semblait le mariage (voir Jane Eyre qui revient quand il est encore plus vieux, sans le sou et aveugle, pour s’engager comme infirmière à demeure… je la trouvais idiote 🙂 )

      Mais c’était bon de rêver à des bras forts, une protection, un homme courageux qui nous bercerait et nous choyerait. En fait… on rêvait un peu de rester la petite fille de quelqu’un à jamais.

  10. SPL dit :

    Il y a aussi l’homme qui ne comprend rien, toujours à côté de la plaque, ridicule, neuneu. C’est constant dans les spots publicitaires où la femme est toujours plus futée, plus débrouillarde, plus subtile. Même le gosse dans sa chaise haute se moque de son papa, incapable d’ouvrir une bouteille de lait sans en faire gicler partout. Le bambin n’a pas encore de vocabulaire qu’il sait déjà, d’un regard entendu, abaisser son propre père. L’homme a perdu ses neurones et ses biceps. L’homme est devenu une pauvre créature asexuée. Quel ennui!

    • Edmée dit :

      Je déteste ça aussi, on a maintenant le faible homme à la limite du simplet, qui fait tout moins bien que Rosie the Riveter qui sauve la famille de la ruine et du désordre. Pratiquement, on épouse une sorte d’ado qui ne quittera pas la maison avant nous… Je suis bien d’accord avec toi…

  11. gazou dit :

    J’aime ta façon de raconter, même si elle est un peu excessive.
    Mais la violence, on la trouve autant chez les femmes que chez les hommes..il me semble quand même que les femmes trouvent leur place un peu plus facilement aujourd’hui…Avant, dans mon milieu du moins , les femmes avaient le droit de se taire et d’obéir…et de servir bien sûr

    • Edmée dit :

      C’est vrai et pas vrai.

      J’ai aussi été éduquée ainsi, avec des « tu feras ce que tu veux quand tu seras mariée » (tu parles 🙂 ) et « tu verras bien ce que dira ton mari ». Etc. La société imposait ces codes-là.

      Mais dans la réalité, tout comme aujourd’hui, le couple était fait de deux personnes qui fonctionnaient soit librement soit comme on le leur disait, soit qui essayaient d’être aussi libres que possible dans le carcan imposé. Il y a toujours eu des femmes de tête, à personnalité, volonté, indépendantes, fantaisistes, et il y a toujours eu des hommes bouffés tout crus par bobonne, ou par leur patron, ou par leur maman.

      Et les violents comme tu le dis et je le dis toujours, se répartissent dans les deux sexes, là il y a une vraie égalité 😀

  12. Carine-laure Desguin dit :

    Eh oui, l’homme a perdu de sa superbe. J’ai presque envie de dire tant mieux. Mais la situation est complexe, je n’aime pas les généralités et on pourrait discourir pendant des heures et des heures. On se connaît et on vit tout cela selon notre caractère.

    • Edmée dit :

      C’est tout à fait ça. Mais le cinéma impose aussi des objectifs, qu’on le veuille ou non. L’objectif d’être un homme gentil, patient, protecteur, et une femme qui se sentait bien face à ça est plus agréable à mon avis que celui d’être en train de vider des six packs sur le divan (avant c’était réservé aux détectives privés des fims noirs, ça 🙂 ), fagotté comme si on venait de faire les poubelles…

      Mais tu dis très bien,, on se connaît et on vit tout ça selon notre caractère… Et je ne donne pas de leçons, parce que des erreurs de castings, j’en ai faites (je pourrais écrire prochainement « Je reviens de l’enfer », ha ha ha) 😀

  13. Adèle Girard dit :

    C’est juste que tous ces films et séries avec des viragos, des mégères, des hommes éplorés sales et mal rasés ne nous font pas rêver. Des films dans lesquels tout va de travers, comme si pour être un couple normal il fallait nécessairement se déchirer. Une image bien négative de l’humanité et quel mauvais exemples ces anti -héros. Heureusement que l’on peut facilement trouvé de vieux films sur internet pour se faire plaisir et continuer à rêver un peu.

    • Edmée dit :

      C’est un peu ça que je « dénonce », cette nouvelle image du couple (provisoire, pour le couple) et de la vie de famille, assez négative, avec des exigences invraisemblables qui rendent la vie à deux impossible… J’aime aussi rêver aux hommes des vieux films, même si Cary Grant était homo, ainsi que Jean Marais, et d’autres, on s’en fiche, dans leurs bras les choses sont belles… à rêver 🙂

  14. Adrienne dit :

    c’est joli au cinéma – quoique lassant aussi, s’il n’y a que ça – mais je n’en voudrais pas dans la « vraie vie »… tout comme je ne voudrais pas de ceux que tu décris comme on nous les montre aujourd’hui, névrosés etc. Le cinéma n’était pas et n’est pas le reflet de la société, ou alors de très très loin…
    D’ailleurs, les hommes courtois et galants existent encore, tout dépend de la femme qui les a élevés 😉
    Nos élèves mâles tiennent la porte, oui oui 😉

    • Edmée dit :

      Exactement, le cinéma, c’était… du cinéma. Mais j’aime bien l’élégance, la politesse, la gentillesse, et elle commence à cruellement manquer, en tout cas au cinéma.

      Il y a peu j’ai croisé un « vieux monsieur » dans la rue qui a soulevé son chapeau en me croisant, je sais que c’est d’un autre âge et qu’on n’imagine pas un jeune qui soulèverait sa cagoule (et tout le sweat shirt par la même occasion 🙂 ) mais ça m’avait émue, je me suis sentie « une femme », pas désirable ni rien, mais une femme, et c’était délicieux.

      Vrai que chez certains jeunes ça revient, la courtoisie, je pense que c’est un sursaut des mères et grands-mères qui s’affolent comme moi. Et j’adore quand ça arrive…

  15. Bleck dit :

    Si j’aime le cinéma et le spectacle, je sais que c’est un attrape couillon de première bourre, d’ailleurs en ville je ne trouve jamais de place de parking face à la porte de la boutique où j’ai envie de me rendre, au cinéma, oui !
    Donc oui, « ils » étaient élégants, au cinéma. Mais pour ne parler que de relation sexuelle j’ai un doute quand à la qualité des rapports sexuels à l’époque du cinéma en noir et blanc pour ce qui est des spectateurs et du niveau de satisfaction des spectatrices… ce qui ne veut pas dire qu’aujourd’hui Mesdames explosent de joie chaque soir, mais tout de même, j’ai la tendresse de croire qu’il y a un peu moins d’égoïsme masculin.

    Bleck

    • Edmée dit :

      Peut-être mais cet égoïsme venait d’une méconnaissance je pense. Et de la confiance des deux compagnons. Et de la sensualité de chacun, et aussi quand même de l’alchimie réelle qu’il y a entre eux. Il me semble qu’une femme qui savait ce qui lui faisait plaisir le faisait comprendre…

      Nous ne saurons jamais 🙂 Le sexe est une affaire privée, finalement, et là encore je suis convaincue qu’il n’y a rien à généraliser… Pas d’a b c d disponible!

  16. Florence dit :

    Tu as entièrement raison chère Edmée !
    Indépendamment de tout le reste, avec le féminisme, pourquoi l’homme serait protecteur ? La femme se veut son égale voire sa supérieure, alors !… De toute façon, depuis 1968 l’engeance humaine est folle !
    Bises bretonnes et Kenavo !
    Florence

    • Edmée dit :

      De toute façon, le pauvre homme, on lui fiche une gifle s’il veut aider en lui disant qu’on sait se débrouiller toute seule 😀

      Bises liégeoises 🙂

  17. Dédé dit :

    Coucou Edmée. T’ai-je dit que je suis secrètement amoureuse de Clint Eastwood dans « sur la route de Madison? Une belle histoire d’amour, compliquée, jouée par deux acteurs merveilleux. Une belle histoire d’amour qui n’aura duré que trois jours mais qui aura marqué toute une vie. Bises alpines.

    • Edmée dit :

      Moi je ne suis pas secrètement amoureuse de lui, c’est tout à fait officiel 🙂 J’ai lu le livre aussi… Et si tu as l’occasion d’entendre la vraie voix de Clint Eastwood, je te promets l’amour inguérissable 😀

  18. Écrirature dit :

    Je suis là, je suis là….

  19. les Caphys dit :

    je suis un homme, je suis un homme, quoi de plus naturel en somme…

  20. Visiteuse dit :

    Ben moi, j’aime beaucoup voir et revoir ces vieux films en noir et blanc surtout.
    J’adore regarder ce mâle mi héros, mi Eros mais pas miro voulant impressionner sa dulcinée.
    Quelle idée de faire un transfert entre les avancées de la condition féminine d’aujourd‘hui et le vilain sexisme qui s’ignorait d’hier !
    C’est gâcher le plaisir d’un retour dans un passé non vécu en observant une autre façon de parler, de communiquer, de s’habiller, de se coiffer, d’évoluer dans l’espace.

    Les hommes d’antan exerçaient une délicieuse galanterie et prévenance envers les femmes, certainement pas eu égard à notre faiblesse présumée, mais comme un hommage à notre féminité.
    Bien sûr les relations homme/femme relevaient aussi du strict respect d’un code de politesse et de savoir-vivre. Enfin, pas dans tous les milieux sociaux non plus.

    Je n’en reste pas moins persuadée, que quelque soit le carcan de cette époque, la femme fine mouche arrivait toujours à retirer son épingle du jeu et de son chapeau.
    Etait-elle plus malheureuse et mal dans sa peau qu’aujourd’hui ?
    Ça je ne saurais le dire….

    PS : j’attends impatiemment la rediffusion du film « Les Diaboliques » avec Simone Signoret. Les 2 femmes sont vénéneuses à souhait. Du grand art aussi.

    • Edmée dit :

      Je suis bien d’accord avec toi, Visiteuse. C’était une magnifique époque, on vivait autrement certes, mais on a gagné/perdu, rien n’est réellement « tellement mieux », loin de là. Et ces hommes prévenants, sur les épaules desquels s’appuyaient de tendre têtes bien coiffées, c’était un bel idéal. On ne peut quand même pas dire que tous nos pères et grands-pères étaient des brutes qui prenaient leur femme pour une vache achetée au marché et à laquelle on offrait une robe de temps à autre. Ce serait saccager tout l’amour qui nous a précédés.

      Comme tu le dis bien, il y a toujours eu les fines mouches, et les accords privés dans les murs. Moi j’ai connu bien des femmes d’alors qui étaient loin d’être des martyres, et vivaient tout simplement dans un autre contexte d’époque. Tout dépendait de l’un et de l’autre. Les violences ou abus sont le fait de personnes, et pas d’une société entière.

      Oui, Les diaboliques, on le revoit toujours avec grand plaisir 🙂

  21. Xoulec dit :

    Il m’est arrivé et il m’arrive encore, parfois, d’avoir l’impression d’être ou d’avoir été un homme comme il n’y en a plus…
    C’est le plus beau compliment qu’une femme ne m’ait jamais fait. Sans être macho, ni me cantonner à cette définition : « soit belle et tais-toi ». Difficile, quand même de s’identifier aux hommes (en général) du cinéma d’avant, et même de maintenant.

    • Edmée dit :

      Le cinéma reste le cinéma. Après tout, quoi qu’on en dise, on ne raconte jamais l’histoire de gens « ordinaires » au cinéma, autrefois ils étaient espions, milliardaires, gangsters, et de nos jours ils sauvent le monde, se droguent, découpent la jungle à coups de canifs, affrontent des dinosaures… On ne peut pas s’y identifier vraiment, c’est un beau rêve – ou un cauchemar! Et puis… c’est comme un roman, ça s’arrête en plein vol, et que se passe-t-il après? 🙂

  22. Philirlande dit :

    très beau sujet dans lequel je retrouve tellement mes parents et le cinéma de l’époque…
    mon interrogation se porte pourtant sur la véracité de l’image donnée par ce cinéma, ne crois-tu pas la version actuelle plus proche de la réalité plutôt qu’embellie dans le temps?
    bonne journée sous le soleil

    • Edmée dit :

      A cette époque dont je parle, c’était aussi proche que ça pouvait l’être, sauf que bien entendu c’était plus « glamour ».

      Aujourd’hui je ne trouve pas que ça ressemble non plus de si près à ce qui se passe « en vrai », puisque finalement, il faut des héros ou anti-héros, ce que dans la vie nous ne sommes pas, nous sommes des personnes, et notre vie ne tient pas en 100 minutes de projection mais … bien d’avantage.

      Pour l’instant la mode est à Madame sait tout. Je n’en connais pas tant en vrai, et les femmes « d’affaire » que j’ai connues étaient bonnes à enfermer (je n’en ai connu que deux, hein, mais je ne risque pas de les oublier…)

      Bises 🙂

  23. Binh An dit :

    En te lisant et en lisant les commentaires, je me sens très vieux (jeu), très ancien, très classique. Peut être parce que je viens de loin et je ne sais pas m’adapter….
    Mais je ne suis pas malheureux…

    • Edmée dit :

      Qui sait…? Moi je suis indépendante de nature, mais aussi très empressée envers l’homme de ma vie. Ca me fait plaisir, j’aime lui faire plaisir comme il aime me faire plaisir. Je ne pense pas être plus ou moins de par ma nature de femme, nous sommes complémentaires si nous ne tombons pas dans le combat.

      L’homme du cinéma des années 50 est celui qui me plaisait, et bien entendu personne ne se demandait comment il serait en vieillissant ni s’il avait de vilains tics 🙂 C’était du cinéma, pas la vraie vie, et on allait au cinéma pour rêver d’une illusoire perfection.

      Pourquoi serais-tu malheureux? Ta vie est réelle, et j’imagine que tu as pu te la rendre aussi confortable que possible 🙂

  24. bizak dit :

    Autre temps , autre époque, suivre ou ne pas suivre, la vie ne finit pas de changer de saison, sinon elle serait fade.
    Toujours est-il que j’aime mieux l’ancienne époque, avec en moins la marche forcée pour subir les grondements de mon frère, de mon papa, de ma maman et surtout quand me faisait épousé la femme qu’ils aimaient ou qu’ils préféraient à mon gout.
    Belle année à toi

    • Edmée dit :

      😀 Oui, il y a des choses qui ont bien évolué, et d’autres pas… Mais c’est normal. Je me suis aussi mariée en trainant des pieds pour un tas de mauvaises raisons qu’on me disait très bonnes. Je n’étais pas convaincue mais mes options n’étaient pas plus enthousiasmantes 😀 Et alors que je m’étais juré ne jamais jamais jamais divorcer… heureusement que je l’ai fait!

      Mais moi aussi il y a bien des choses que je regrette de cette époque… Ceci dit, on avance et on ne recule pas, donc… en avant!

      Belle année à toi aussi Bizak!

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