Le souffle chaud de la lumière

Noël et son esprit, eh bien malgré toute ma bonne humeur, non.

Je fais partie de ceux – très nombreux! – qui attendent nerveusement que les fêtes s’en aillent, emportées loin par la Befana, les rois Mages ou les camions poubelles qui ramassent les sapins morts et les bouteilles de champagne laissées au pied des containeurs débordants.

Les regrets et les absents pèsent bien plus lourd pendant « les fêtes » et il me faut vraiment aller plonger dans mes réserves d’optimisme pour ne pas faire une cure de sommeil qui ne me réveillerait une fois les Mages passés et partis derrière la Befana. Et il ne s’agit pas seulement du poids des absents, mais aussi de cette abondance de tout qui donnerait la nausée : trop d’huitres, de gibier, de bouteilles impertinentes, de homards recroquevillés, de bling-bling, de bousculades, de trotte-trotte pour être à temps, de cadeaux inutiles (ah, ces pochettes avec l’assortiment de bain douche, shampoing, savonette etc…. Mais mention spéciale aux paniers gastronomiques…).

Pourtant, paradoxe, je tiens au repas de Noël, enfin… à un « bon repas » de préférence en famille. Quand c’est possible, car avec une famille éparpillée et moi qui ai fêté tant de Noëls ici et là et surtout là, ça tient du coup de bol miraculeux. Mais bon, le Miracle de Noël est bien ce que les téléfilms nous démontrent exister, non?

Les seules décorations de Noël chez moi sont les vœux reçus. Je n’ai jamais fait de sapin, crèche ou guirlandes. Cependant si je reçois, ma bonne humeur est bien réelle parce que pétrir et dorloter la nourriture fait bouillonner la vie en moi, en dépit de tout. Ca sent bon, ça grésille, les épices s’unissent, la chaleur ambiante titille l’appétit, on parle de banalités qui font rire et unissent en douceur.  On fait tchin tchin avec tendresse, on s’est faits beaux et belles, on laisse la santé capricieuse, les factures et les soucis sur le trottoir. On évoque les images d’autres Noëls lointains, Tante Marguerite et son sapin qui prenait toute la place, les cheveux d’anges qui coupaient les doigts mais à l’attrait desquels on ne pouvait résister, les pinces porte-bougies qui faisaient ployer les branches du sapin, le chat de la maison qui perdait la tête devant les boules, l’ange du sommet qui n’avait plus de couleur tant il était vieux, et le fait que nous ne croyions pas au Père Noël et savions très bien qu’il n’existait pas, alors que Saint Nicolas, lui… c’était du sérieux, et en prime on ne devait pas aller à la messe pour lui.

Je fête le solstice, la lumière qui revient, avec ses promesses de chaleur et de vérité. De triomphe sur la mort, l’engourdissement, la torpeur, le non-vivre, le mal-vivre. Ce n’est pas une résurrection, une explosion, non… c’est le signal d’un lent cheminement qui va frissonner sans cesse jusqu’à ce qu’il se fasse passage bourgeonne, grandisse, fleurisse et produise des fruits de soleil. Dans le sol des veines iridescentes se gorgent et soupirent au chant muet de la lumière, courant d’un bulbe à l’autre, d’une racine à l’autre, caressant le pelage de ces petites boules hibernantes et respirant à peine. Dans le ciel la vie scintille et souffle une haleine qui traverse le gel d’une buée subtile et le transforme en perles éphémères. Dans les eaux une multitude d’étincelles fugaces court en léchant les roches, les algues, les écailles et les peaux de la vie fluide, lui annonçant que la vie va rebondir et exulter.

Puissiez-vous donc célébrer ce solstice avec ceux qui vous sont chers en pensée ou en proximité, et suivre la lumière qui vous éclaire le chemin du futur ! Et si vous l’appelez aussi Noël, vous avez raison… (On a toujours raison d’être sincères…)

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36 réflexions sur “Le souffle chaud de la lumière

  1. Il y a quatre ans j’ai posté ce poème sur mon blog.Je te le dédie, qu’il accompagne les lecteurs de ton blog :
    La légende de Noël bourguignonne de la petite églantine blanche
    Dans Bethléem, un ange, à Joseph, en rêve,
    Avait dit : » Pour l’Égypte en hâte il faut partir
    Il faut partir avant que le jour ne se lève
    Hérode veut l’enfant pour le faire mourir. »
    Et vers le Nil, sans une plainte,
    Le couple s’en allait furtif,
    Avec Jésus, victime sainte,
    Au doux regard, déjà pensif ;
    Ils marchèrent la nuit, puis une matinée,
    Puis vers midi, Marie, au courant d’un ruisseau,
    Très simplement lava, sur la rive inclinée, Les langes du Messie, humble et léger trousseau,
    Elle étendit sur une haie,
    Les clairs tissus pour les sécher..
    Mais quand, le long de la saulaie,
    Elle vint les rechercher
    A leur divin contact, du buisson chaque branche,
    Comme aux souffles féconds des printemps créateurs,
    Bientôt avait vu naitre une églantine blanche
    Et le chemin d’exil s’était perlé de fleurs.
    Légende bourguignonne de Noël mise en vers par Lucien Jeny de Selongey (publication en1901)

  2. Il est vrai que chacun de nous a son Noël. C’est la plus jolie histoire de la nativité qui soit. Ce conte poétique ne cesse d’enluminer notre réalité.

  3. astree10200 dit :

    alors que ce soit BEAU SOLSTICE ou joyeux noel je vous souhaite
    chère Edmée une année sereine pleine de découvertes et merci d’ avance pour tout ce que vous nous ferez encore partager amitiés d’une grand mère heureuse ! malgré tout !!! nicole G F

  4. Angedra dit :

    Je crois que nous ressentons Noël selon ceux que nous avons eu dans notre enfance. Les miens étaient chauds, merveilleux et remplis d amour. Noël reste ainsi pour moi et peu m importe que l abondance en fasse partie au contraire je dis merci de tant alors que nous pourrions avoir peu ! Merci de pouvoir choisir un Noël d abondance ou un Noël minimaliste ou choisir de ne pas le fêter. Merci d avoir le choix d apprécier du champagne dont je déposerai les bouteilles vides le lendemain.
    Je prends et remercie de pouvoir bénéficier de ce merveilleux cadeau qui est le choix.
    Un petit détail tout de même , avant tout pour moi Noël c est surtout la naissance d un enfant … un petit détail mais qui fait une énorme différence dans mon ressenti pour cette date qui est la plus importante de l année.
    L importance d un événement ne tient qu à la manière dont il est entré dans notre cœur.

    • Edmée dit :

      Bien entendu, Noël amène chaque année les souvenirs attachés aux premiers, et pour certains, trop de bonheur « perdu » ou passé suffit à les abattre. J’ai de bons souvenirs de Noël et aussi de très durs, sans doute plus de durs que de glorieux puisque je n’aime pas trop. Mais la joie des autres me fait plaisir 🙂

  5. La Baladine dit :

    J’aime Noël, pas pour sa signification religieuse, mais pour l’esprit « cocoon », enveloppant de cette période.
    La lumière, ça commence dès le premier jour de décembre avec les rues, les vitrines illuminées, c’est beau, gai et doux, ça repousse un peu du noir de la nuit qui tombe si tôt.
    Ça sent le chocolat chaud et les épices douces.
    Chez moi il y a un sapin, des guirlandes lumineuses toutes douces et des petites bougies partout. Le réveillon et le jour seront douillets, le tout petit nid familial recréé, fait de tendresse, de sourires, de baisers et de confidences, un peu de bombance aussi, juste assez, pour le plaisir et le partage.
    Et que ton paragraphe sur le solstice est beau!
    Et merci à Rémy (je me permets de l’appeler ainsi) pour son conte radieux.
    Heureux Noël « solsticien » à toi, chère Edmée ♥
    🙂

    • Edmée dit :

      « J’envie » (avec douceur, rien de crocs baveux et yeux rouges…) ceux qui ressentent vraiment le plaisir des bougies, décorations, boules, sapin etc. J’aime beaucoup me rendre chez ceux qui ont pris cette peine/joie. Je ne la ressens pas, mais je m’en gorge quand j’y pénètre.
      Heureux Noël de lumière à toi aussi, et vive le beau sapin qui sent bon…

    • Heureux que ce poème vous plaise ! 🙂

  6. Adrienne dit :

    je disais justement mardi soir à une amie que le seul Noël qu’il me ferait plaisir de (re)vivre, ce serait celui de mon enfance, avec mes deux grands-parents…
    oui, manger quelque chose de bon, avec quelqu’un qu’on aime, c’est bien, à n’importe quel moment de l’année 😉

    • Edmée dit :

      Le repas partagé, oui… toute l’année on peut en profiter. Mais il y a dans ces fêtes de fin d’année une impatience (à revoir le printemps), une gourmandise (que tout sent donc bon!), un empressement de bon aloi qui les rend particulières, religion ou pas. Et oui, le manque est plus sonore ces jours-là!

  7. Pascale MD dit :

    Merci pour ce joli texte et les voeux.
    Noël à pour moi perdu un peu de sa magie, l’aspect commercial ayant vraiment pris le pas sur tout le reste.
    Bonnes fêtes de fin d’année.

    • Edmée dit :

      C’est vrai que c’est trop tonitruant et « fric », dépensez pour être de bons parents, enfants, grands-parents, collègues etc…
      Bonnes fêtes également!

  8. SBP dit :

    Oooh! comme je suis d’accord avec toi!
    Encore quelques jours et la lumière reviendra doucement…

  9. grandlangue dit :

    Je ne sais quoi penser de Noël. Il y a les extraordinaires Noëls de mon enfance avec messe de minuit, balade en carrioles dans la nuit, bouffe, danse et chansons jusqu’à ce que le soleil se lève.

    Aujourd’hui ça représente un long congé, des ambiances particulières dans les lieux publics, un repas en janvier lorsque mon fils vient dans la région. Avec ma fille nous allons alors chez ma mère, emportant victuailles et bonne humeur. Ça se termine tôt. Ça n’a rien à voir avec le passé où 35 à 40 personnes se réunissaient chez moi ou ailleurs.

    Il y a moins de monde à la fête et plus de gens seuls on dirait.

    • Edmée dit :

      Je pense aussi mais en partie ça doit venir que désormais les oiseaux quittent le nid et volent plus loin pour le travail et faire leur vie. Alors en effet… le nid ne retrouve pas toute la couvée comme autrefois pour les fêtes…

      • grandlangue dit :

        Tellement vrai! Et les couples se défont, se refont… cette période reste l’occasion pour « forcer » au moins une rencontre où, on l’espère, nous pourrons démontrer un peu d’amour et d’affection.

  10. Colo dit :

    Tes épices mijotées sentent jusqu’ici! Bonne fin d’année lumineuse chère Edmée, ris beaucoup surtout:-)

  11. gazou dit :

    j’aime Noël mais, chez nous, il a toujours été fêté simplement…C’est la joie de se retrouver en famille Autour d’unn bon repas,certes, mais sans excès….Je suis à l’hôpital depuis 10 jours et j’espère bien qu’ils me laisseront sortir lundi ou mardi puisque ça va mieux…De toute façon, même s’il n’y avait pas NOEL, j’ai toujours hâte de quitter l’hôpital

    • Edmée dit :

      Oh que je te comprends, l’hôpital n’est pas amusant, c’est le moins qu’on puisse dire. Je te souhaite donc de passer Noël simplement chez toi! ❤

  12. Xoulec dit :

    Je ne ressens pas de magie à Noël.
    Depuis plusieurs années, je comprends enfin mon père qui rechignait à couper un sapin de noël…
    Suivant ces termes, il ne voulait pas sacrifier un petit arbre, à Noël, fut il un sapin ! Alors, si magie il y avait, c’est qu’il coupait un pin ; nous étions peut-être les seuls à avoir un pin de Noël 🙂
    Dans notre petite ferme, Noël était un jour comme les autres ; nos veaux, vaches, cochons, couvées ne jeûnaient pas ce jour-là.
    La dure réalité éclipsait la magie, s’il y en avait une et je doute que le cochon qui passait de vie à trépas en cette période, pour finir en boudin, pâtés , saucissons, jambons, etc. trouvait Noël magique ?
    Mais je n’empêche personne de le fêter.
    Chez nous, maintenant, la magie est de se retrouver, pour le plus grand nombre, pour le début d’année, et ça c’est fabuleux.

    • Edmée dit :

      Pas de magie de Noël pour moi non plus, ouvrons donc un club 🙂 ! Un jour comme les autres, mais qui fait plus de bruit, finalement, et souvent du tapage de fausse joie. Comme toi j’aime retrouver les miens, ceux que je veux retrouver, pour être précise. Les autres, qu’ils retrouvent qui ils veulent 😀

  13. Dédé dit :

    Noël pour moi, ce sont beaucoup de beaux souvenirs d’enfance quand le sapin fraîchement coupé arrivait grâce à mon père au milieu du salon. Ensuite, il y a eu les Noëls forcés où mes belles-soeurs s’acharnaient à me faire tourner en bourrique. Et puis depuis quelques années, les Noëls sont de nouveau plus doux et plus chaleureux. Chacun a sa propre histoire, chacun a ses propres souvenirs, Noël a tant de signification. Pour moi, c’est un peu l’achèvement d’une année trépidante, un peu de répit avec quelques membres de ma famille et un bon repas. Avec des petites lumières qui brillent et de la chaleur humaine. Bises alpines et belles fêtes.

    • Edmée dit :

      Moi je suis toujours malade à Noël, ce qui veut dire quelque chose. Je ne compte pas me faire psychanalyser pour si peu mais j’ai appris à ne plus faire de projets de Noël… 🙂 Belles fêtes heureuses pour toi!

  14. Tania dit :

    Les excès de consommation en tout genre dénaturent la fête de Noël, je suis d’accord, et j’évite les centres commerciaux à cette période. Un petit magasin d’artisanat m’a permis de trouver quelques cadeaux près de chez moi, des choses simples, jolies et/ou utiles.
    Pas de sapin, mais la crèche de mon enfance, un peu de la déco de Noël de mes parents, de jolies boules qu’on m’a offertes et qui pendent au-dessus de la table, un petit ange en bois reçu d’une amie chère… Et cela suffit pour réchauffer l’atmosphère ces jours-ci. J’y ai tout de même ajouté cette année une guirlande lumineuse, accrochée dans un arbuste de la terrasse et que j’aime allumer le soir.
    Bon repas en famille et bonne fête, Edmée.

  15. Edmée dit :

    Moi j’ai fait un gros effort, ha ha ha: mes nièces m’ont apporté une étoile lumineuse de Suède, avec une petite ampoule à l’intérieur, et voilà… c’est devant ma fenêtre. Pas tapageur ni envahissant, je suis ravie et ma foi… ça égaye bien!
    A toi aussi de très belles fêtes!

  16. Florence dit :

    Très chère Edmée,
    Je t’envoie mille grâces.
    Et… kenavo !!!
    Florence

  17. Philippe Desterbecq dit :

    Moi,ce que j’aime, ce sont surtout les illuminations. C’est tellement triste un hiver que toute cette lumière met un peu de soleil dans l’obscurité. Malheureusement, après, on y retombe jusqu’en mars où on voit le printemps arriver…

  18. malyloup dit :

    on est bien d’accord! vive le solstice et la lumière!……….bientôt l’équinoxe et le retour à *l’équilibre*…..en tout cas, c’est ce que je visualise en ces temps troublés où frise la plus grande démesure!

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