Mon « petit dernier », Les promesses de demain, a déjà bénéficié de quelques notes de lecture. C’est toujours très excitant de lire comment ce qu’on a écrit est perçu, et surtout par des personnes différentes. Finalement, il est clair que le lecteur apporte lui aussi son vécu et ses ressentis dans l’histoire mise en scène par l’auteur, tout comme nous comprenons souvent des films avec des variations suivant que nous les avons vus dans tel ou tel état d’esprit, telle ou telle situation d’existence, avec une souffrance ou une grande joie en arrière-plan.
Ici voici deux notes de lecture qui me viennent de Denis Billamboz et Armelle Barguillet-Hauteloire.
Denis Billamboz explique, dans un paragraphe, que « la passion est au cœur de toutes les nouvelles qui composent ce recueil : des amours souvent déçues, insuffisantes, mal partagées, arrangées, bafouées… J’ai eu l’impression qu’Edmée voulait régler un vieux compte avec la vie, sa vie, celle de certains membres de sa famille ou de son entourage proche, et dénoncer l’amour dont on parle tant et qui, trop souvent, n’apporte pas les plaisirs attendus. Les héroïnes de ce recueil ne veulent pas se satisfaire de ses amours de convenance ou de circonstance, elles veulent l’amour absolu total, l’amour à la vie à la mort jusqu’au suicide qui hante souvent ce recueil. »
De son côté, Armelle Barguillet-Hauteloire mentionne qu’« on y rencontre des gens de tous les jours, en lumière ou en ombre, en joie ou en peine, en colère ou en manque, l’amour s’y meurt ou s’y consume, s’y cogne ou s’y cache, et les mots, qui le relatent, sont sans emphase, simples et journaliers ; la mort rode également, fuite en avant de celui ou celle que l’attente a usé, la malchance rompu, l’injustice révolté. (…) Et ces héroïnes, car elles sont plus nombreuses que les héros, ont noms : Henriette, Agnès, Nicole, Magali, Asie, Marguerite, mais également elle, lui, unis dans une poésie qui les enveloppe comme le suaire d’un amour sublimé. Il y a encore Thérèse-Adèle, la délicieuse tante Madeleine, Léonie, Isotta, beaucoup de secrets de femme qui se tissent dans le silence, se voilent avec pudeur et fierté. »
Chaque lecture est honnête, naturellement. Il est vrai que mes personnages se trouvent souvent, comme le souligne Denis Billamboz, englués dans des relations « sentimentales » laborieuses, voire mortes. Et que la passion n’est pas absente, même s’il arrive que ce soit seulement sous forme d’un souvenir que l’on vénère comme une flamme sacrée. L’amour de convenance, oui, s’y trouve, parfois supporté sans trop de peine parce que la vie s’est enroulée autour d’autres choses « plus concrètes et durables ». Rassurantes, peut-être. Et puis il y a l’autre, celui qu’on ne peut décrire mais qui se fait reconnaître tout de suite, et qui se vit comme il le peut, au grand jour, en secret, en souvenir, en espoirs, en patience… selon les autres éléments du décor.
Comme le dit Armelle Barguillet-Hauteloire, il s’agit surtout de secrets de femmes, c’est vrai. Cette manière qu’elles ont de survivre à ce qui fait mal ou use lentement, en s’enveloppant dans ce qu’elles seules savent et protègent.
Il me semble que mon message, celui sur lequel je reviens fréquemment, est que non, l’amour (le grand, le vrai, celui qui fait parler et rêver et avancer…) n’est pas un miracle improbable. Mes histoires ne parlent que de lui : on le vit ou on y assiste, l’a vécu, n’a pas osé le vivre, en garde le secret, mais il est de toutes les vies. Et oui, ce sont des gens de tous les jours qui le vivent. Mais ce qui est sans doute plus difficile, c’est de lui être loyal, quelles que soient les contraintes. Car bien sûr, la vie se déroule rarement selon un plan linéaire, et ne propose pas un moment ou lieu idéal pour la rencontre de l’amour, le grand, le vrai, celui qui fait parler et rêver et avancer…