Les body-snatchers sont parmi nous

J’avais prévu un autre billet pour cette belle journée de soleil (sur Liège du moins…). Mais je viens de lire sur le blog d’une amie quelque chose qui m’a incitée à utliser celui-ci au contraire. Courage amie des montagnes… et tiens bon!

Il y a peu, l’avocat de Marc Dutroux exprimait l’idée qu’il était détenu dans des conditions immondes et était, après tout… un être humain.

C’est toujours l’argument final : c’est un être humain et on doit le traiter en tant que tel.

Mais qu’est-ce qui fait d’un être un être humain ? Le fait qu’il marche debout, parle, chante, est capable de construire autre chose qu’un nid ou une termitière, mange élégamment (parfois) avec des couverts, édicte des lois – et s’y soustrait (ou y soumet les autres…)? Ou est-ce sa pensée, attentivement tournée vers lui mais aussi vers les autres, avec le désir de s’améliorer ou tout au moins de rester aussi bien, mais surtout pas de basculer comme un ange déchu ? Ce grand désir d’accomplissement, de laisser si possible un peu de « mieux » derrière soi. Cette compassion, cette empathie, à des degrés différents certes, mais indispensables pour faire vraiment partie d’une humanité méritant ce titre.

Il n’y a pas que Marc Dutroux ou la longue liste de serial killers, assassins d’un jour féroce, tourmenteurs ricanant…

Il y a les nombreux monstres que nous côtoyons, ces « êtres humains » qui adorent humilier, user, dissoudre autrui par leurs remarques ou actions, les poussant parfois à la mort sans avoir l’air d’y toucher. Que ceux ou celles qui n’ont pas eu un chef de bureau ou de service tout à fait inhumain lèvent le doigt. Et leur cohorte de courtisans-espions-flagorneurs à la sueur fade qui flattent et flattent et flattent pour garder leur petite place de lèche-culs au chaud.

Oh, on va nous expliquer qu’ils ont eu la fameuse enfance difficile ou de nombreux coups durs (je me souviens d’une cheffe de service ignoble et détestable – et détestée – qui expliquait son caractère pimenté par le fait qu’elle n’avait pas eu d’enfants. Oh les petits veinards qui n’ont pas écopé de cette maman-là). Mais toujours trouver des atténuantes à ces gens qui hissent leurs malheurs comme une bannière pour qu’on accepte qu’ils restent nos monstres quotidiens est pratiquement négliger tous ceux qui se sont sortis d’autres enfances cauchemardesques et épreuves trop lourdes en restant…. des humains !

Il y a des explications qui ne représentent en rien des excuses.

Cette compassion mal placée me fait hérisser les cheveux. Même si on peut accepter, oui, que tout le monde n’est pas égal devant la souffrance, il faut bien également constater que tout le monde n’est pas égal dès la naissance : il y a les bébés qui sont déjà de vrais pervers dès leur arrivée parmi nous, et on ne peut pas encore accuser une enfance pénible.

Et donc… il y a des êtres humains qui ne possèdent pas le côté humain, que ce soit leur faute ou non, mais ce n’est certainement pas la nôtre non plus et si il faut de la patience et de la compassion pour réellement faire part d’une humanité ayant du cœur, je serais d’avis d’utiliser ces éléments pour qui peut s’amender à leur contact.

Dans ce cas on sème, on remet en place, on guérit peut-être un peu ou beaucoup.

Mais quand on ne trouve plus trace d’humanité dans les souhaits et possibilités de cet être malade, on n’est plus face à un être humain mais un body-snatcher.

La porte au nez

StockholmJe sais claquer les portes au nez. J’hésite longuement, j’y pense, abandonne l’idée, y reviens, prends de la distance, me laisse « avoir » une fois de plus, celle de trop, et puis je claque la porte au nez. Bam! Sans l’ombre d’un remords. L’hésitation, je l’ai eue. Et j’ai conclu que je ne voulais plus de cette situation, tout simplement.

Rien n’est « pour toujours » sans qu’on y travaille chaque jour. Je ferme la porte à la situation telle qu’elle est aujourd’hui, envisageant la possibilité que ce soit « pour toujours » mais sans m’imposer solennellement de ne plus jamais changer ma position. La vie est trop surprenante que pour décider que dans cet échange-là, je suis au bout de mes surprises…

Savoir reconnaître qu’une relation est toxique, même si ça fait mal, même si on est taraudé par la petite musique chrétienne qui fait « mais ce n’est pas sa faute, il/elle a eu une enfance malheureuse/une vie difficile/un passage douloureux, ne sait pas empoigner la vie, l’aimer, s’exprimer, ce n’est pas bien de lui tourner le dos… » etc… vient un point où se laisser maltraiter pour qu’un autre puisse donner libre cours à ses rancunes et son mal-être a pas de sens.

Le bien que fait ce « lâcher prise » est sans prix. Peu à peu on cesse même de penser à cette présence hostile du passé, ou alors c’est avec le sentiment d’être hors de cette vie-là, cette vie qui était empoisonnée par le mal de vivre de l’autre. On guérit, on reprend ses billes, et on réalise qu’on marche mieux, qu’on n’a plus mal au ventre, qu’on digère à nouveau des briques, qu’on dort comme un loir, qu’on n’a plus ce petit malaise fugace mais trop perceptible en entendant s’ouvrir la porte d’entrée, sonner le téléphone ou ouvrant un courriel… craignant la malveillance qui n’attend qu’à pouvoir s’exprimer.

Croyez-moi, on peut vivre happily ever after.