On croit que les enfants….

On assume beaucoup de choses au sujet des enfants. Et souvent on se plante. Mais on se plante sur une multitude d’autres sujets confiés aux errances de statistiques, experts, « scientifiques » (de Harvard ou de Cambridge University fait encore plus sérieux), rapports (Kinsey pour n’en citer qu’un…) et délires de psys. Mille et un billets à venir si on explore cette liste…

Mais en ce qui concerne les enfants, j’ai vécu deux situations qui, selon les meilleures statistiques et divagations en cours, auraient dû m’assurer des insomnies jusqu’à la mort, accompagnées de névralgies et d’une addiction au choix, mais certainement spectaculaire.

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Mes parents ont divorcé à une époque où le divorce était réservé à Hollywood, et en conséquence j’ai été rejetée par mon école et mes compagnes de classe.

Or, s’il est vrai que je me souviens du divorce de mes parents et surtout du désespoir de ma mère, et d’une période trouble juste avant la décision, je ne peux pas dire que personnellement j’étais affectée. En tout cas pas en pleurs. Bon, il faut admettre que mon père avait depuis longtemps de longues absences, et j’étais plus habituée à la vie sans lui qu’avec lui, et ça a dû jouer. Mais j’ai bien compris que « papa aimait une autre femme et allait quitter mammy ». J’ai réalisé assez vite que ça imposait des changements dans notre quotidien : ma mère triste et irritée, et mon père qui désormais n’allait pas revenir pour de vrai et faisait sa vie ailleurs. Bientôt même un petit frère. Je me suis tout simplement détachée de ce que je ne pouvais retenir, après d’ailleurs avoir tenté de le retenir pour faire plaisir aux grandes personnes qui me le demandaient :

Lovely Brunette m’a envoyée en messagère, un jour que mon père était grippé au lit, pour lui demander de ne pas épouser l’autre dame, et il m’a expliqué qu’il ne pouvait me faire ce plaisir. Et à l’école les sœurs, affolées par l’odeur du péché et de la fornication, m’ont encouragée à prier comme un moulin à prières pour tout arranger. J’en ai eu marre de prier, et ne voyais pas bien pourquoi Dieu me ferait plaisir à moi et pas à mon père par exemple.

On dira que ça a affecté mon idée du mariage, de l’attachement, de la famille par la suite. Certainement. Mais je n’y aurais pas échappé non plus si mes parents étaient restés ensemble, déçus de leurs vies et renoncements, malheureux et distants. On n’échappe pas aux leçons de la vie, les bonnes et les mauvaises. Il faut admettre qu’on n’a jamais un jeu de carte avec uniquement des donnes gagnantes. Personne absolument personne, ne naît dans le décor idéal. Et en général… on s’y fait !

Et donc en même temps, les chères sœurs qui savaient si bien parler de charité chrétienne n’avaient aucune idée qu’elle aurait dû s’appliquer à tous, cette charité, et de petite fille comme les autres je suis devenue petite fille à tenir à l’écart mais à garder en classe par amour du Christ qui nous le rendra au paradis. J’espère qu’il leur aura donné une volée de baffes en tout cas…

Les fillettes qui jouaient avec moi – mes petites amies – n’ont plus pu le faire : les parents avaient peur de la contamination. Et je n’ai plus eu d’amies. Ni même d’amie, dans cette école. Et si j’ai accusé le choc par des comportements bizarres pendant un moment… j’ai aussi géré la nouvelle configuration de ma vie. Alors que d’élève brillante je dégringolais au statut de cancre en quelques mois, isolée, au fond de la classe… (près du radiateur, lalalère) j’ai simplement découvert que ce qu’on est aujourd’hui on ne le sera peut-être plus demain (et déjà Lovely Brunette m’avait mise au parfum avec la ruine de ses parents). Je n’avais que 10 ans.

Je n’ai pas trouvé ça injuste. Ce fut difficile mais supportable. Ce fut surtout, à long terme, un atout indéniable.

Et je dors comme un loir, sans aucun médicament ni tisane ni berceuse. Depuis toujours !

40 réflexions sur “On croit que les enfants….

  1. sandrinelag dit :

    C’est intéressant ce que tu dis, j’ai été confrontée à plus ou moins la même situation, avec des réactions différentes. Parents divorcés tôt, père et mère se remariant vite chacun de son côté et faisant des enfants, bien cloisonnés. J’ai attendu que mon père vienne me chercher jusqu’à l’âge de 16 ans (il est mort d’un accident)…
    Ce qui était compliqué, c’était surtout le silence des adultes, le secret, le tabou. Il était totalement interdit d’évoquer le sujet… Avec les enfants de mon âge, contrairement aux idées reçues, il n’y eut aucune méchanceté, au contraire, il y eut de la solidarité, du « serrage de coudes ».
    Cela dit, si le divorce a été hautement conflictuel, il a été libérateur: mes parents étant deux antithèses, totalement incompatibles.
    Seul point positif: je suis née et c’est le plus beau cadeau qu’ils aient pu me faire!

    • Edmée dit :

      Tant d’enfances sont un apprentissage de la souffrance, de l’absence, de « se faire à »…

      Les enfant qui ne jouaient plus avec moi obéissaient tout simplement à leurs parents, je m’en souviens, et ça ne m’a pas montée contre eux, ni rendue amère. C’était comme ça, désormais. Et j’ai beaucoup de chance puisque – avec quelques fantaisies inquiétantes quand même, je n’ai pas été super cool et zen, n’exagérons pas 🙂 – j’ai pu absorber une nouvelle réalité…

      Oui, l’amour que tes parents ont éprouvé a suffi pour … te faire, et c’est un petit miracle bienfaisant…

  2. Armelle B. dit :

    Les épreuves forgent les caractères et votre épreuve, douloureuse pour une enfant si jeune, aura réveillé des anticorps de qualité et assuré une bonne résistance aux épreuves futures. L’attitude des religieuses est désastreuse. Je me souviens qu’après mon divorce – j’avais 23 ans – un prêtre qui me recevait en confession, m’a dit : je crains beaucoup pour l’avenir de votre âme. Depuis lors, je n’ai plus remis les pieds dans un confessionnal. J’ai toujours préféré m’adresser au bon Dieu qu’à ses saints et surtout à son clergé.

    • Edmée dit :

      Oh quelle horreur! Ma grand-mère, pourtant élevée chrétiennement, a eu une sainte horreur des curés après des questions un peu trop précises sur ce qu’elle faisait avec son fiancé… Elle avait été dégoûtée.

      Moi aussi je m’adresse à Dieu plutôt qu’à ses saint qui sont d’ailleurs souvent de glace 🙂 . Je ne trouvais pas normal du tout de me confesser quand ma confession, visiblement, éveillait la curiosité du curé. Je savais que ce n’était pas supposé arriver…

  3. Angedra dit :

    Nous avons tous en nous de belles et fortes énergies qui peuvent nous faire tout surmonter si nous savons venir y puiser. Encore faut-il vouloir ne pas devenir victime comme malheureusement cela se produit souvent. Tu as su te nourrir de ta force intérieur et de cet incroyable appétit de la vie que tu as en toi pour sortir de la case où l’on voulait t’enfermer.
    Tu prouves là encore que nous sommes les acteurs de nos vies et à nous de jouer la bonne pièce.
    Je me suis mariée avec un divorcée, le prêtre a refusé de nous accueillir tous les deux dans son église. Il m’acceptait moi, pour me bénir, mais pas mon futur mari. J’ai donc refusé. Je sais que cela a affecté maman, mais nous sommes passés outre et j’ai tout de même eu mon mariage de rêve sans passer par M. le curé. J’ai choisis de vivre la vie que je voulais avec ses plus et ses moins, mais selon mon choix.
    Ayant été élevé dans la foi catholique et étant croyante, cela m’a affecté certes de ne pas me marier à l’église, mais je n’en ai pas voulu à Dieu et cela n’a pas changé ma croyance en lui…. pour ses représentants c’est autre chose.
    Tout est en nous si nous savons le trouver.

    • Edmée dit :

      Voilà, tu n’en as pas voulu à Dieu, mais à l’étroitesse d’esprit de ses « serviteurs » (Souvent je me dis qu’Il n’a pas besoin d’ennemis avec de tels « serviteurs » 😉 ) . Et Dieu est amour, et dommage pour ceux qui croient détenir la formule magique…

  4. celestine dit :

    Une longue fréquentation des enfants m’a au moins appris cela: leurs réactions ne sont pas toujours celles que l’on croirait qu’elles fussent..
    Et j’aime la façon dont tu parles des épreuves de la vie !
    Celle-là t’a rendue forte et infiniment aimable.
    ¸¸.•*¨*• ☆

    • Edmée dit :

      Oui, tu es bien placée pour cette observation.. Et j’ai souvent remarqué que c’était une commisération excessive qui faisait comprendre aux enfants qu’ils étaient à plaindre, de pauvres petits choux, et qu’alors certains d’entre eux développent un comportement de victime, et donc à souffrir de ce qu’ils avaient encaissé jusque là…

      Merci pour l’infiniment aimable 🙂 Baci!

  5. Lauriza dit :

    Je crois que toi aussi tu as compris très tôt qu’il fallait prendre du recul pour ne pas être trop affectée par des situations pas très catholiques ! Mais quand on est enfant, c’est notre instinct et notre inconscient, pour se protéger, qui se mettent en marche et nous ne comprenons pas tout de suite que finalement le bon Dieu nous a doté  » d’une bonne nature  » en ce sens que nous savons prendre de la distance lors d’évènements graves ou/et importants. En général, les enfants acceptent les choses telles qu’elles sont et ce sont les adultes, en grandissant, qui leur apprennent à se révolter jusqu’à ne pas accepter les choses qu’on ne peut pas changer. L’acceptation est pour moi primordiale si on veut être heureux et trouver un temps soi peu le bonheur. L’acceptation est aussi un choix et Angedra dans son commentaire l’a parfaitement expliqué. Je crois que toi aussi Edmée tu fais partie des êtres qui ont la joie en eux malgré les vicissitudes d’une vie.

    • Edmée dit :

      Je suis bien d’accord avec toi que savoir accepter est une force inépuisable… et qu’en effet c’est un mauvais service à rendre aux enfants que d’enflammer leur indignation et déni…

  6. griseldis dit :

    Je suis née 5 ans après vous et mon école primaire était dans une commune rurale qui fait partie maintenant du « grand Verviers ». L’école était attenante à un couvent et gérée par des religieuses. Est-ce les 5 ans d’écart? ou ces religieuses étaient- elles moins stupidement élitistes que les vôtres? Je ne sais pas mais vous m’avez bien des fois surprise quand vous écrivez/décrivez l’atmosphère des Saints-Archanges. Et je vous lis depuis si longtemps que je vous crois!!! Je retrouve l’adulte que vous êtes dans les réactions pleines de bon sens et d’humour tranquille chez l’enfant que vous avez été. Je crois, profondément, que nous naissons avec un patrimoine génétique qui fait notre personnalité (50%) et que notre courage à rebondir (50%) fait le reste. au prochain écrit, chère Edmée.

    • Edmée dit :

      L’école Sainte Marie de Heusy, par exemple, était bien plus agréable pour ce que j’en sais, mais hélas on m’avait mise aux Saints-Archanges justiciers 😀 . Une de mes cousines, qui a 6 mois de plus que moi, y était en même temps que moi et a eu la même expérience, sauf que chez elle, le père était mort, et non pas « parti forniquer comme un dément » et elle a subi exactement la même chose que moi: on avait une maman seule, plus d’argent pour les charités de l’école, plus de statut social qui compte. De petite fille de l’élite elle est, comme moi, passé dans les indésirables invisibles. Elle en a été brisée, elle. Elle est encore très agitée lorsqu’on en parle, et il suffit de lui nomme l’une ou l’autre « chère-soeur » pour qu’elle saute en l’air comme si on l’électrocutait :D…

      Bien d’accord donc avec vous, chère Griseldis pour les fifty/fifty!

  7. Florence dit :

    Les enfants ne réagissent pas tous de la même façon. Toi tu as un caractère bien trempé, du moins c’est ce que tu montres. Malgré tout, tu dis que tes études en ont pâti. Je suppose que tu racontais à ta mère ce que tu vivais dans ton école ? Pourquoi t’a-t-elle laissé dans un endroit pareil, c’est de la maltraitance.Je ne sais si c’est lié à la Belgique, car ma sœur qui est née en 45, n’a jamais vécu de telles choses, ni à Paris, ni à Nantes. De toute façon, mes parents même séparés, n’auraient pas toléré !
    Je pense que la mésentente entre les parents est mal vécue par leurs enfants, mais chacun réagit à sa façon. Ma nièce, se met à fond dans ses études et a une scolarité parfaite, et pourtant la pauvre… Elle ne se laisse pas faire avec les profs qui ont tendance à la malmener et elle a du répondant… D’autres, sous des dehors j’menfoutistes et grandes gueules, sont complétement effondrés et deviennent, comme toi, la dernière de la classe avec l’étiquette : est très intelligente, mais a l’esprit ailleurs et ne fait bien que ce qu’il lui plait… Car bien-sûr la mésentente parentale est tue, par fierté. C’est déjà dur à vivre, alors si les autres le savent… Non, tout mais pas ça ! Oui, chacun réagit à sa façon.

    Je te souhaite une bonne fin de mai dans la paix et la tranquillité, pas comme ici, où ça castagne dur et où il n’y a plus d’essence !
    Gros bisous chère Edmée !
    Florence

  8. Edmée dit :

    Coucou Florence, non je ne racontais pas ce qui se passait chez moi, ma mère était dans sa propre détresse et je prenais sur moi. Oui j’ai eu des comportements farfelus à l’époque et oui, ça a forcément eu des conséquences. Mais des parents qui ne s’entendent pas déteignent sur les enfants qu’on le veuille ou non, qu’ils divorcent ou pas donc je ne peux pas « accuser » le divorce. Et si les gens ne s’entendent pas… qu’y peuvent-ils?

    Le « drame » d’alors je pense c’est que les familles étaient honteuses de ces divorces et donc on aidait peu les enfants, parce qu’on était mis à l’écart. Une partie de la famille, en effet, a fait partie de ceux qui ne voulaient pas cette odeur de péché dans leurs salons 🙂

    Gros bisous et nous avons aussi nos grèves et orages…

  9. gazou dit :

    Je me souviens , quand j’étais en primaire, il y avait dans notre classe, une fillette dont les parents étaient divorcés et on la considérait avec méfiance et je ne comprenais pas, il me semblait qu’elle était comme nous autres…Comment les serviteurs de l’église ont-ils pu déformer de façon aussi énorme les messages du Christ alors qu’ils étaient censés les faire connaître? Où est l’amour et le respect des autres dans de telles attitudes?

    • Edmée dit :

      Je crois que d’une part il y avait une bigoterie ambiante (et beaucoup de bêtise) et d’autre part… on ne voulait pas non plus mécontenter les « bons fidèles » qui avaient des arrangements plus discrets pour survivre à leur mariage sans divorcer comme des mécréants, et donc chacun tenait l’autre: l’un avec sa bénédiction et l’autre avec ses oboles…
      Il n’y avait ni amour ni respect… juste beaucoup d’hypocrisie!

  10. Dans ma classe de 26 élèves dans un bon milieu social, il y a 10 élèves dont les parents sont divorcés (et plus personne ne s’en offusque ; cela parait tellement banal). Et parmi les dix, les ex-conjoints s’entendent bien pour l’éducation de leurs enfants. Mais d’autres, c’est la guerre totale…

    Bon week-end Edmée.

    • Edmée dit :

      Oui, c’est ça qui crée les vrais problèmes: c’est la guerre pour les affections des enfants, pour être le meilleur parent… ça, c’est bien pire que le divorce en lui-même!

      Bon week-end à toi aussi 🙂

  11. bizak dit :

    La vie tout le long de son trajet a fait ce que les hommes ont instruit de lui faire. La vie n’a de sens que quand on lève la tête malgré ses vicissitudes. Beaucoup ont vécu ta tragédie, Edmée et toi tel un sphinx tu ne faisais que renaître; Personne ne dira que tu n’es pas une femme accomplie.Bien à toi Edmée.

    • Edmée dit :

      Modestement, je pense que je peux quand même dire que je n’y suis pas pour grand chose, ayant été dotée sans doute de ce tempérament de survivante. Mais comme ça n’a pas forcément été facile pour autant, je dois bien y avoir un peut mérite quand même 😉

      En effet la vie prend toute sa valeur et son ampleur quand on réalise tout ce qu’on a surmonté. Et plus on a surmonté, plus on est solide…

      Merci de ton apport et de ta visite!

  12. kakushiken dit :

    J’ai été compagnon de classe du radiateur aussi, sans pour autant me souvenir de vous.
    Sourire.
    J’ai connu aussi votre situation, non pas par suite d’un divorce, mais par suite d’une décision qui a déchu mes parents de leurs droits parentaux pour les enfants nés et à naître…
    La suspicion de « contamination » s’est alors propagée de la classe, puis de l’école jusqu’au village…
    C’était étrange de voir la réaction d’autrui me montrer du doigt dès qu’il y avait un problème…
    Les Homme me tenaient à l’écart… Même les bondieuseries des « culs de bénitier » faisaient de même. je l’ai vite compris du haut de mes quelques années…
    J’ai alors créé mon mode, où dieux et hommes étaient aussi suspect de « contamination »…
    Il faut croire que j’ai survécu, au sens propre du terme…

    Tisane, berceuse, médicament ? Je n’en attends point, et n’en ai point besoin ; sinon cela signifierai que j’attends quelque chose de l’Homme…
    😉

    • Edmée dit :

      Tiens… mais je n’étais pas dans une classe mixte mon cher, sinon au moins nous aurions pu tuer le temps en lançant des « bichettes » dans le cou des enfants sages… 🙂

      Honnêtement, la méchanceté bête (ou la bêtises méchante?) humaine m’est apparue très vite comme une des composantes de la vie mais aussi… combien de gens généreusement bons et intelligents de coeur ai-je ainsi pu rencontrer… Pour moi tout ça fut un acquis: j’ai appris à éliminer les parasites et chérir les pépites… (en me trompant encore souvent, car c’est en forgeant qu’on devient forgeron 🙂 )

  13. En effet, les déboires durant l’enfance, on s’y fait. Oui, cela peut devenir un atout par la suite.

  14. Pivoine dit :

    Tout cela n’est pas très logique (je pense aux religieuses). J’ai toujours entendu ma mère dire que le divorce n’était pas condamné, enfin, dans les milieux religieux, on prônait plutôt la séparation de corps… Mais bien le remariage. Mais je pense aussi que certaines d’entre elles devaient être frustrées, méchantes comme des teignes et respectant la lettre plutôt que l’esprit.
    J’ai d’ailleurs vu récemment une émission belge sur l’adoption dans les années 50 à 70-80 – et la climat dans certaines maisons hôpitaux pour jeunes filles « en détresse », dont les familles ne voulaient pas. C’est à peu près du même tonneau, avec la maltraitance en sus – ou à égalité.
    J’ai aussi fréquenté un externat catholique, mais en ville et dans les années 60. Finalement, j’ai un plus mauvais souvenir de deux ou trois instits que des religieuses. Il y avait (je l’ai su plus tard), des filles – dont les parents s’étaient séparés… Elevées par la mère seule. La discrétion était de mise, mais en tout cas, j’ai eu une amie dont la mère s’est remariée – que son beau-père a adoptée, et tout s’est bien passé, sauf qu’on nous avait recommandé la discrétion (alors qu’elle aurait bien aimé en parler, elle me l’a dit plus tard).
    On serait étonné si les enfants que nous avons été et ceux que nous avons connus échangeaient ou pouvaient échanger le souvenir de leurs expériences…

    Personnellement, j’ai un mauvais souvenir d’une époque où mes parents se disputaient (je dormais encore dans la même chambre et leurs discussions me réveillaient, je passais une partie de la nuit à les écouter – puis j’ai eu ma chambre). Mais le couple a tenu… Une chose est sûre, c’est qu’avec une mère dépressive et malheureuse, la vie n’aurait pas été très drôle. En fait, d’après mon expérience, quand on est enfant, on a aussi la faculté d’abord, d’accepter le fait que c’est comme ça. Point. Et puis, d’espérer une amélioration. Enfin, c’est comme cela que moi je pensais, l’idée ne me venait pas que l’avenir pouvait être pire… Ou pareil. Mais du moment que je pouvais lire et apprendre, j’étais convaincue que tout irait mieux, du moins pour moi o;)))

    • Edmée dit :

      Fin des années 60, j’étais dans un pensionnat religieux à Bruxelles. On ne m’y avait acceptée qu’à la condition expresse que je ne dirai à personne que mes parents étaient divorcés… Comment peut-on demander ça? Demander de mentir aux compagnes, à un âge justement où les filles (16-17 ans) n’en finissaient jamais de dire « si mon père apprend ça, je suis cuite » ou « ma mère n’ose pas le dire à mon père » etc… 🙂 Je l’ai dit, ça s’est su, et j’ai été renvoyée!

      Ensuite je suis allée dans un autre pensionnat où on n’a rien demandé, rien exigé, et où les soeurs étaient charmantes.

      Donc ces horribles « culs bénis » pullulaient là où sans doute une direction brillait par son esprit d’inquisition. Ailleurs – dans ce pensionnat et une école catholique où je suis allée après l’horrible école – les religieuses avaient vraiment un esprit ouvert et une saine mentalité. L’école on pourrait dire que le fait qu’elle se trouvait dans un quartier plus « populaire » donc avec des situations de famille souvent plus variées, ça explique, mais le second pensionnat était assez cher quand même, pas vraiment élitiste mais quand même plutôt BCBG…

  15. blogadrienne dit :

    nous sommes certainement la somme de ce que nous avons vécu et observé et ressenti, en positif et en négatif, et sûrement ça renforce certaines qualités (ou certaines faiblesses) que nous avions déjà en nous… sortir plus fort d’une épreuve suppose qu’il y ait déjà une certaine force en nous avant l’épreuve, et c’est pareil pour nos fragilités.
    Dans mes classes je vois toute la gamme des enfants de divorcés, depuis les plus sereins jusqu’aux plus perturbés: ce n’est certes pas le divorce en lui-même qui induit les problèmes, mais la façon dont les adultes responsables le gèrent.
    Bref, je ne dis que des évidences, mais voilà, j’avais envie de les dire 🙂

    • Edmée dit :

      Mais tu sais… il est bon de dire les évidences car trop souvent on refuse de les voir. Comme tu dis, ce n’est pas forcément le divorce lui-même qui fait aussi mal mais comment les parents le vivent. Et encore, ,à aussi il y des enfants mieux armés que d’autres: ma pauvre Lovely Brunette a très très mal vécu cette « répudiation » (et à l’époque, une femme divorcée était grillée en société, c’était presque l’équivalent des épouses répudiées qu’on mettait au couvent au moyen-âge 🙂 ) et je me souviens de son lent naufrage, dans lequel elle me tenait un peu la tête sous l’eau dans la mêlée… Mais je faisais de grands bloup bloup et ai toujours gardé la tête hors de l’eau, même si j’ai bu des tasses 😀

  16. Pâques dit :

    J’étais une enfant merveilleusement insouciante, j’y repense avec nostalgie.
    Mes parents ne se sont pas séparés, mais je me souviens qu’un jour avant de subir une grave opération, ma mère me dit … si je meurs tu iras vivre chez tante M … et moi, sans sourciller, non, je préfère tante M..P et pas de cris style oh! non maman ne dis pas cela …
    Je mangeais du cheval à l’époque, moi qui adore les chevaux ?
    Si les adultes s’isolaient pour parler de guerre ( je pensais, guerre, aventure, etc..).
    J’ai perdu cette insouciance sans doute un peu égoïste avec le temps ! Et je ne mange plus de cheval 😉

    • Edmée dit :

      Nous aussi nous mangions du cheval, car on disait que c’était très fort. Mais le monsieur qui nous livrait le bois de chauffage avait sa charrette tirée par un cheval. Et un jour ce fut une voiture, il nous a dit que son cheval était trop vieux et qu’il l’avait vendu à la boucherie. Nous avons immédiatement arrêté de manger du cheval de peur de manger celui-là que nous aimions.

      Je pense que tu as su préserver une part d’insouciance. Mais on apprend à vivre autrement au fur et à mesure que nous devenons responsables. Nous ne voulons pas être responsables de TOUT…

  17. Françoise dit :

    Je pense beaucoup en ce moment, et tu sais pourquoi, au devenir de ces enfants dont les parents divorcent, et je me dis qu’en fait, c’est nous qui avons peur pour eux, mais que ce n’est pas leur faire confiance que de penser qu’ils en seront traumatisés. Les enfants s’adaptent beaucoup mieux qu’on ne le pense, et si on ne les traumatise pas, nous, avec nos pensées inquiètes, ils s’en sortiront bien, peut-être mieux que certains dont les parents s’obligent à rester ensemble et dont l’atmosphère familiale est invivable.
    J’espère bien, moi aussi, que Dieu aura donné une bonne volée de baffes à ces religieuses qui ne connaissaient apparemment pas le sens des mots « charité chrétienne ». 😉
    Encore un sujet très intéressant, Edmée. C’est un plaisir de venir te lire. Belle soirée à toi.

    • Edmée dit :

      Voilà, je met aussi ma confiance dans la manière dont les parents résolvent leur problème et restent, consciencieusement, les parents de leurs enfants. Une mauvaise atmosphère au quotidien dans un désamour et l’insatisfaction est pire qu’un nouveau départ.

      Courage et confiance!

      Bonne soirée aussi!

  18. Aujourd’hui, les enfants de divorcés sont monnaie courante et, à l’école, les moqueries sont dirigées, non plus sur eux, mais sur les jeunes qui réussissent à l’école. Une situation très dure pour certains.

    • Edmée dit :

      Je me souviens que les « premiers » de classe étaient toujours chahutés, déjà! Il y a toujours des petits groupes qui sont harcelés par d’autres plus grands et plus incompétents. C’est plus facile de rendre une qualité ridicule et risible que de s’y mettre soi aussi… hélas très classique!

  19. Classique résilience…. Phénomène rendu public par Boris Cyrulnik à la fin des années 90 dans « un merveilleux malheur » et dont il a fait un beau livre plus récemment dans le très beau « je me souviens’

  20. Alain dit :

    Aïe, aïe, aïe … « Le décor idéal de l’enfance » Si j’avais dû retenir tout ce qui m’a été imposé quand j’étais jeune, je ne serai plus là. Surtout venant des curés, qui, je précise, n’ont jamais dépassé les bornes de leur « enseignement ». Premier point, les bienfaits de la confession. Ils ont été gâtés. Tout ce que j’ai pu leur raconter finissait par les fatiguer. J’en rajoutais des tonnes. À un point tel, qu’ils avaient alerté ma mère pour lui faire part de mes divagations qu’ils jugeaient préoccupantes. Ma mère était belle, libre et loin des convenances imposées par cette petite ville de province. Elle n’en n’a pas tenu compte. Mes copains de lycée étaient tout aussi rebelles. Ce qui m’a finalement beaucoup aidé pour me sentir libre et faire mon maximum pour gagner mon indépendance dès mes 18 ans. Le commentaire de Marie-madeleine parle de Boris Cyrulnik. J’y ai puisé beaucoup de choses qui sont aujourd’hui comme autant de remparts.
    Bonne semaine Edmée !

    • Edmée dit :

      🙂 … Je trouve qu’on est nettement moins bêtes qu’on le croit, petits. On apprend à ruser, manipuler si nécessaire, se défendre, donner ce qu’on attend de nous ou provoquer. L’enfance est un terrain de jeu mais aussi un Full immersion dans la vie. Et bienheureux sont ceux qui ont compris vite 🙂 Des remparts, comme tu dis!

      Bonne semaine à toi aussi. J’ai eu une sale grippe qui m’a coupé bras et jambes, et suis peu active encore en ce moment… mais je te recontacte dès qu’un peu plus zim boum boum tralalante 😀

  21. saravati dit :

    Il est des situations qui forgent le caractère si on arrive à prendre ses distances. On ne peut pas porter le poids du monde, parfois il faut s’isoler. Quand ce choix est imposé à un enfant, c’est difficile. Les soeurs n’étaient pas si bonnes que cela avec leurs préjugés et leurs principes étriqués, elles manquaient d’empathie et de sens critique. Le prétexte de la religion comme un frein à l’épanouissement personnel et à la justice continue à sévir dans un autre environnement et franchement, cela me fait peur.
    Merci d’avoir dépassé tout cela et d’avoir fait de la petite Edmée une personne incomparable et pleine de créativité et de bons sens.

    • Edmée dit :

      Les « chères soeurs » n’ont pas l’exclusivité de l’imbécillité. Tout dépendait sans doute de l’ordre et de la supérieure. Dans ma famille, beaucoup d’athées et d’imbéciles aussi, ha ha ha! Mon frère et moi n’étions plus invités aux anniversaires et communion car les familles ont choisi leur « clan » et « ne voulaient pas d’histoires »…

      Mais voilà, j’avais sans doute de bons outils 🙂

      Merci Saravati!

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